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15 novembre 2019

Ébauche d’un cri

Georges Larouche, Ébauche d’un cri, Jonquière, Édition Boréale, 1947, 142 pages.

Le recueil contient une préface et deux parties. La première n’a pas de titre et la seconde s’intitule « Décharge – Saguenay ». Les strophes sont généralement très courtes et plusieurs vers sont décalés.

Georges Larouche est connu comme le poète de Val-Menaud. Son recueil est très ancré dans ce lieu. En préface, il nous avertit que « puisqu’[il] ne peu[t] pas chanter / [il va] faire son possible pour crier », ce qui augure plutôt mal… Dans le second poème du recueil, « Rythmes divers », Larouche nous sert sa conception de la poésie. On pourrait dire qu’il décrit son recueil. D’abord, il n’aime pas les « esprits frisés », ceux et celles qui préfèrent « les dormants des /chemins de fer » à la liberté, tout ce qui tient de la mesure. Selon lui, rien ne sert de couper, il ne comprend pas qu’on puisse préférer « le lait condensé / au lait pur », il préfère la forêt à la pépinière, et il termine en répétant qu’il « n’aime pas couper un membre de son sujet / afin de la placer dans un / coffret! » Bref, il semble avouer que ses poèmes ne sont pas très travaillés, réfléchis, etc.

De quoi parlent ses poèmes? On peut imaginer un auteur, saisi d’émotion devant un paysage, et qui s’empresse de le coucher dans un poème.  Ça va de l’émerveillement le plus béat jusqu’aux détails les plus terre-à-terre.  Dans le poème « Orage », on lit : « Les éclairs sondent les montagnes / à jets de feu répétés »; on lit aussi : « Mon voisin Jean-Charles, / qui est habitué aux escapades / de ce grand, vaste et / merveilleux / ciel, / m’a déclaré n’avoir / encore rien / vu de pareil ». Tout n’est pas qu’émerveillements, loin de là! Le poète se bat contre la dépression : « Mon âme se maintient / presque tout le temps /  dans d’affreux tourments ».

Dans la deuxième partie, « Décharge » (l’ancien nom du village), l’inspiration est davantage portée vers le passé de son village, en partie disparu pour laisser la place à un barrage hydroélectrique. L’auteur, errant autour de la rivière maintenant harnachée, se fait porte-parole de celle-ci. Le ton est très lyrique, se veut même épique. Il s’agit de chanter un paysage plus grand que nature et seule une parole libre, capable de déverser le trop-plein, peut en rendre compte, semble nous dire Larouche.



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