Adèle Bourgeois-Lacerte, Némoville,
Beauregard, Ottawa, 1917, 144 pages. (Préface de l’auteure)
« C’est au souvenir de Vingt mille lieues sous les mers et L’île mystérieuse, qui en fait suite,
que j’ai intitulé mon livre Némoville,
à la mémoire du capitaine Nemo, inventeur-propriétaire du Nautilus. On
retrouvera le Nautilus dans mon récit ; je l’ai retiré de l’abîme pour quelque
temps. Ceux que ce grand sous-marin a intéressés autrefois, seront heureux sans
doute, d’en entendre parler de nouveau. » (l’auteure dans la préface)
L’histoire débute en 1873 dans le
Pacifique. Un paquebot, emportant « des émigrés, mais non des émigrés de
basse origine » vient d’échouer sur une île volcanique. Deux membres du
groupe, Roger de Ville et Paul Lamontagne, lors d’une expédition de
reconnaissance, découvrent l’épave du Nautilus, le sous-marin du capitaine
Nemo. Ils projettent de le renflouer, mais plus encore, d’en faire le départ
d’une ville sous-marine : Némoville. « Il ne serait pas si difficile
de construire d’autres sous-marins, que nous pourrions relier entre eux par des
couloirs-tubes, détachables à loisir ; quand l’un des sous-marins voudrait
remonter à la surface, il n’aurait qu’à se détacher des autres ». Comment
y parviendront-ils, l’auteure se garde bien de nous le faire savoir. « Quelques-uns
à peine firent de faibles objections, mais d’autres, parmi ceux qui avaient
beaucoup souffert de la méchanceté des hommes sur la terre, témoignèrent un
véritable enthousiasme pour l’idée originale du jeune ingénieur. Un homme un
peu âgé et d’aspect taciturne du nom de Richard, offrit même d’avancer les
fonds nécessaires à la réalisation de ce projet extraordinaire. On décida de
renflouer immédiatement le « Nautilus », et dès le lendemain on se mit à
l’œuvre. »
On se retrouve quelques années
plus tard. Roger est devenu le gouverneur de la ville. Lors d’une expédition de
pêche en mer, il découvre un canot flottant, mais surtout une belle jeune fille
dont il tombe amoureux. Elle s’appelle Gaétane. Or, le médecin de Némoville
tombe aussi amoureux de la belle naufragée et voyant qu’il est repoussé, il
décide de se venger. Pendant que Gaétane dort avec une amie dans un sous-marin,
il détache celui-ci de la ville et les deux jeunes filles partent à la dérive.
Le sous-marin finit pas s’amarrer sur une île volcanique où nos deux jeunes
« robinson(nes) » se débrouillent plutôt bien. Après bien des
recherches, Roger finit par retrouver sa Gaétane et le vilain est sévèrement
puni. Mais coup de théâtre, Roger et ses comparses décident que la ville
sous-marine a assez duré; il la coule et retourne dans le monde des terriens.
Rare roman de science-fiction
dans la littérature québécoise. L’auteur ne s’embarrasse pas d’explications
pseudo-scientifiques et le récit tourne assez vite en récit sentimental.
Lacerte décrit un monde utopique où tout le monde est beau (sauf le docteur);
indirectement, elle critique la mesquinerie du monde des « terriens ».
« En 1891, Emma-Adèle Bourgeois (1870-1935), épouse d'Alide Lacerte, s'établit à Ottawa. Elle est née à Saint-Hyacinthe, mais elle a étudié à Trois-Rivières, où elle a pu croiser le poète de Yamachiche, Nérée Beauchemin, qui a probablement dédié un poème au couple, « Épithalame », en l'honneur de leur mariage, poème que l'on retrouve dans son recueil Les Floraisons matutinales (1897). Au début du vingtième siècle, Emma rend hommage à ses lectures de jeunesse en signant une suite de L'Île mystérieuse de Jules Verne, Némoville (1917), qui pourrait être le premier roman de science-fiction franco-ontarien. Comme l'a découvert Mario Rendace, elle continue d'ailleurs à creuser le filon vernien, signant « L'évadé de Minoussinsk » en 1925, qui prolonge plus ou moins Michel Strogoff. » (Trudel, Culture des futurs)
« En 1891, Emma-Adèle Bourgeois (1870-1935), épouse d'Alide Lacerte, s'établit à Ottawa. Elle est née à Saint-Hyacinthe, mais elle a étudié à Trois-Rivières, où elle a pu croiser le poète de Yamachiche, Nérée Beauchemin, qui a probablement dédié un poème au couple, « Épithalame », en l'honneur de leur mariage, poème que l'on retrouve dans son recueil Les Floraisons matutinales (1897). Au début du vingtième siècle, Emma rend hommage à ses lectures de jeunesse en signant une suite de L'Île mystérieuse de Jules Verne, Némoville (1917), qui pourrait être le premier roman de science-fiction franco-ontarien. Comme l'a découvert Mario Rendace, elle continue d'ailleurs à creuser le filon vernien, signant « L'évadé de Minoussinsk » en 1925, qui prolonge plus ou moins Michel Strogoff. » (Trudel, Culture des futurs)
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