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8 septembre 2024

Les oiseaux dans la brume

Charles-E. Harpe, Les oiseaux dans la brume, Montréal, éd. Marquis, 1948, 169 p. (Préface d’Arthur Lacasse)

Le recueil est dédié à Gabrielle, son épouse. Le curé Lacasse, en préface, se lance corps et âme dans la défense des règles classiques de la poésie. Disons-le, en 1948, c’était un combat perdu depuis longtemps. Le poème liminaire commence ainsi : « Mes vers sont des oiseaux égarés dans la brume » et le reste du poème nous présente le poète comme un être éthéré qui « vit dans le brouillard des radieux mensonges ».

Le recueil compte cinq parties. Dans « L’escale aux chimères », le poète déplore la voie qu’il a choisie pendant son adolescence : « Épuisé de mensonge […] J’ai pleuré tous les dieux de mon adolescence ! Il faut vivre sa vie et non pas la rêver! / J’ai voulu faire escale, hélas, j’ai fait naufrage… » Dans « Pastels et fusains », Harpe présente de courts tableaux, le plus souvent riants, sur le passage des saisons. « Les heures ferventes » recouvrent plusieurs sujets : la fragilité des poètes, la force tranquille des paysans, la marche jamais trahie du peuple québécois, le difficile parcours d’un malade tempéré par sa foi chrétienne (Passion d’un allongé), la beauté de Noël. « En écoutant Debussy » : le grand musicien lui inspire tristesse, mélancolie, peine, mais aussi « l’ivresse du bonheur » que suscite la rencontre avec la femme aimée : « Je veux m’envelopper de la chaude atmosphère / De son cœur où mon cœur est venu s’enfermer ». Dans « Harmonies intimes », les poèmes ont pour sujet sa mère « Et quand je cueille la pervenche, / C’est pour voir un peu de tes yeux », son père (« Mon père était un homme à la fois grave et doux »), sa grand-mère, son épouse, leur enfant…

Un très court poème d’amour, intitulé simplement « Vœu », vient clore le recueil :

Lorsque je partirai pour l’éternel voyage
Tu seras près de moi, je sentirai ta main
Et tes doigts caresser mes cheveux, mon visage;

Mon cœur te restera, mon pauvre cœur humain,
Et moi j’emporterai le tien comme un otage,
Lorsque je partirai pour l’éternel voyage.

(Saint-Aubert, avril 1947, janvier 1948)

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