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22 avril 2022

Électrodes

 Jacques Renaud, Électrodes, Montréal, Atys, 1962, n.p.

Le recueil est composé de quatre suites, la première n’étant pas nommée. Les trois autres s’intitulent « Au rythme des pores », « Éclats » et « No man’s ocean ».

 Le premier poème va ainsi :

« utopie d'un océan de torsions aux rivages de l'angoisse
faiblesse d'un aboiement de haine
l'amour tentaculaire
et ses dégoulinures de vanité
aux cassis des âmes tuméfiées »

 Et le reste est à l’avenant. Plus souvent qu’autrement, les mots noient le propos; ne reste qu’une longue plainte lourde et difforme, comme l’auteur lui-même le constate.

« poème de la lourdeur
poème surchargé
puant de haines bêtement haineuses
où l'espoir s'écrase sans raison
assommé
les yeux crevés
l'enfance broyée
sous des tonnes de vies stagnantes
flasques »

La vision est très noire et même apocalyptique: les quelques éclats de beauté qui apparaissent ici et là sont écrasés par les laideurs environnantes; les sujets sont plongés dans un monde de violence :

« les serpents m'enlacent visquosité somnolente
de milliers de bouches rouges qui lèchent les venins d'amour
et vomissent les filtres de haine
mon tombeau est un bal serpentaire »

Seule l’amour physique lui apporte quelques réconforts.    

« lécher ton âme et son soleil aquatique
ressacs de raz-de-marée à des récifs de volupté
flux et reflux
enroulements de hanches
spirales et tornades univers et prairies
caresser nos genèses en poudreries de vertige »

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