William
Henry Drummond, The Habitant and other
french-canadian poems, London et New York, 1897, 137 pages
(Introduction de Louis Fréchette et illustrations de Frederick Simpson Coburn)
Je possède The habitant depuis longtemps. C’est un très beau livre qui vaut
sans doute autant pour les 13 illustrations pleine page (sans compter celles
directement dans le texte) de Coburn que pour les 23 poèmes de Drummond. J’admets
d’emblée que j’ai lu The Habitant en
diagonale, tant la lecture m’en est difficile. Il faut comprendre ceci : l’entreprise
de Drummond était pour le moins périlleuse : comment mettre en scène et
même faire parler l’habitant canadien-français dans un langage qui n’est pas le
sien (patois anglais) sans tomber dans la caricature, voire le mépris?
Pourtant, telle n’était pas l’intention de Drummond : “In
presenting to the public “ The Habitant and other French-Canadian Poems," I
feel that my friends Who are already, more or less, familiar with the work,
understand that I have not written the verses as examples of a dialect, or with
any thought of ridicule. / Having lived, practically, all my life, side by side
with the French-Canadian people, I have grown to admire and love them…”
Sans doute, par crainte des réactions,
il a demandé à son « ami » Louis Fréchette de se porter garant de ses
intentions.
« La tâche abordée par M.
Drummond présentait un caractère beaucoup plus difficile. Ici, le poète avait
bien, il est vrai, le milieu à saisir, placé, droit en face de son objectif. Il
était assez familier avec ses acteurs pour les grouper avantageusement, en
ménageant les effets d'ombres et de lumière. Il est naturellement assez artiste
pour ne rien négliger de ce qui ajoute du pittoresque à la pose; surtout, il connaissait
à fond le type à reproduire, ses mœurs, ses passions, ses sentiments, ses
penchants, ses superstitions et ses faiblesses.
Mais comment, sans tomber dans
la charge ou la bouffonnerie, faire parler systématiquement à ses personnages
une langue étrangère, forcément incorrecte dans la bouche de quelqu'un qui l'a
apprise par oreille, sans savoir lire même dans sa propre langue ?
La tentative était hardie; mais
on sait que le succès a un faible pour les audacieux.
Dans son étude des Canadiens-français,
M. Drummond a trouvé le moyen d'éviter un écueil qui aurait semblé inévitable
pour tout autre que pour lui. Il est resté vrai, sans tomber dans la vulgarité,
et piquant sans verser dans le grotesque.
Qu'il mette en scène le gros
fermier fier de son bien ou de ses filles à marier, le vieux médecin de
campagne ne comptant plus ses états de service, le jeune amoureux qui rêve au
clair de la lune, le vieillard qui repasse en sa mémoire la longue suite des
jours révolus, le conteur de légendes, l'aventurier des «pays d'en haut» et
même le Canadien exilé -le Canadien errant, comme dit la chanson populaire- qui
croit toujours entendre résonner à son oreille le vague tintement des cloches
de son village; que le récit soit plaisant ou pathétique, jamais la note ne
sonne faux, jamais la bizarrerie ne dégénère en puérilité burlesque. » (P.
VII à IX).
Le livre de Drummond connaîtra plusieurs éditions, dont une de luxe, et un immense succès aux États-Unis.
Le livre de Drummond connaîtra plusieurs éditions, dont une de luxe, et un immense succès aux États-Unis.
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