16 décembre 2023

Deux copains : réplique à MM. Fréchette et Sauvalle

William Chapman, Deux copains : réplique à MM. Fréchette et Sauvalle, Québec, Léger Brousseau, 1894, 150 p.

Ce livre est une réplique au Lauréat manqué de Marc Sauvalle.

Je disais dans mon compte rendu du Lauréat que la lecture des multiples exemples devenait fastidieuse. C’est encore plus vrai dans Deux copains. À défaut d’aller vérifier les assertions de l’un et de l’autre dans leur contexte, tout cela perd de l’intérêt.  Qui dit vrai?

Ce nouveau brûlot de Chapman contient à la fois une défense et un acte d’accusation. Commençons par la première. Chapman se défend contre l’idée que c’est lui qui aurait copié son confrère. Il reproduit quelques-uns de leurs poèmes écrits sur le même sujet et il souligne les différences. Il accuse même, preuves à l’appui, Sauvalle-Fréchette d’avoir défiguré certains de ses vers et même d’en avoir inventé pour le ridiculiser. Enfin, il fournit plusieurs dates qui démontrent que certains passages cités sont antérieurs à ceux de Fréchette.

Maintenant, les multiples accusations. Il accuse Fréchette d’avoir écrit le texte de Sauvalle, y compris l’interview. Il repère certaines expressions, chères à Fréchette, comme preuve à l’appui. Il est scandalisé qu’on puisse attaquer l’abbé Baillargé, Tardivel et Chapais, la droite de l’époque. Chapman va jusqu’à prétendre qu’il a rencontré Marc Sauvalle dernièrement et que dernier l’avait félicité « d'avoir aplati M. Fréchette dans [s]on livre Le Lauréat », comme s’il voulait semer la zizanie entre les deux amis.  Il consacre tout un chapitre à démontrer que Sauvalle est un menteur : celui-ci aurait écrit un mot bienveillant sur les Feuilles d’érable de Chapman, ce que ce dernier dément. Il accuse Fréchette de mal connaître sa langue et il choisit dans son œuvre plusieurs exemples d’impropriétés de terme.

En conclusion, il ressasse les mêmes plaintes et accusations et termine en défiant théâtralement son adversaire, comme s’il se préparait à l’affronter en duel :

Écartez Sauvalle, et approchez seul.
Je vous attends.
Puisque les prêtres, sur lesquels vous déversez la haine que vous me portez, ne peuvent aller vous combattre sur le tréteau où vous étalez crânement le bariolage de votre maillot de lutteur lorrain, je suis prêt, moi, à vous y rencontrer.
Je suis votre homme.
Sortez de votre cachette.
Mes livres sont là.
Mes accusations sont formulées.
Je vous attends

Fréchette va choisir d’ignorer Chapman, lequel cessera ses attaques en 1908, année du décès de son ennemi juré. On a l’impression, en le lisant, que Chapman prend plaisir aux conflits, que ceux-ci le nourrissent et, peut-être, l’amènent à se dépasser. Il est évident qu’il s’accroche souvent à des peccadilles qu’il monte en épingle et qu’il en tire des conclusions provocatrices, propres à alimenter la querelle. Il est aussi clair que, sous cette brouille, ce sont les factions conservatrices et libérales qui s’affrontent. Quant à moi, toute cette esclandre m’apparaît bien inutile. 

Voir aussi :
Polémique Chapman-Fréchette
Le lauréat 
Le lauréat manqué

William Chapman sur Laurentiana
Les Québéquoises (1876)
Les feuilles d’érables (1890)
Les aspirations 
(1904)
Les fleurs de givre (1912)

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