William Chapman, Deux copains : réplique à MM. Fréchette et Sauvalle, Québec, Léger Brousseau, 1894, 150 p.
Ce
livre est une réplique au Lauréat manqué de Marc Sauvalle.
Je
disais dans mon compte rendu du Lauréat que la lecture des multiples
exemples devenait fastidieuse. C’est encore plus vrai dans Deux copains.
À défaut d’aller vérifier les assertions de l’un et de l’autre dans leur
contexte, tout cela perd de l’intérêt. Qui
dit vrai?
Ce nouveau
brûlot de Chapman contient à la fois une défense et un acte d’accusation.
Commençons par la première. Chapman se défend contre l’idée que c’est lui qui
aurait copié son confrère. Il reproduit quelques-uns de leurs poèmes écrits sur
le même sujet et il souligne les différences. Il accuse même, preuves à l’appui, Sauvalle-Fréchette d’avoir défiguré
certains de ses vers et même d’en avoir inventé pour le ridiculiser. Enfin, il fournit
plusieurs dates qui démontrent que certains passages cités sont antérieurs à ceux
de Fréchette.
Maintenant, les multiples accusations. Il accuse Fréchette d’avoir écrit le texte
de Sauvalle, y compris l’interview. Il repère certaines expressions, chères à
Fréchette, comme preuve à l’appui. Il est scandalisé qu’on puisse attaquer
l’abbé Baillargé, Tardivel et Chapais, la droite de l’époque. Chapman va
jusqu’à prétendre qu’il a rencontré Marc Sauvalle dernièrement et que dernier
l’avait félicité « d'avoir aplati M. Fréchette dans [s]on livre Le
Lauréat », comme s’il voulait semer la zizanie entre les deux amis. Il consacre tout un chapitre à démontrer que
Sauvalle est un menteur : celui-ci aurait écrit un mot bienveillant sur
les Feuilles d’érable de Chapman, ce que ce dernier dément. Il accuse
Fréchette de mal connaître sa langue et il choisit dans son œuvre plusieurs
exemples d’impropriétés de terme.
En
conclusion, il ressasse les mêmes plaintes et accusations et termine en défiant
théâtralement son adversaire, comme s’il se préparait à l’affronter en duel :
Écartez
Sauvalle, et approchez seul.
Je vous attends.
Puisque les prêtres, sur lesquels vous déversez la haine que vous me portez, ne
peuvent aller vous combattre sur le tréteau où vous étalez crânement le
bariolage de votre maillot de lutteur lorrain, je suis prêt, moi, à vous y
rencontrer.
Je suis votre homme.
Sortez de votre cachette.
Mes livres sont là.
Mes accusations sont formulées.
Je vous attends
Fréchette
va choisir d’ignorer Chapman, lequel cessera ses attaques en 1908, année du décès
de son ennemi juré. On a l’impression, en le lisant, que Chapman prend plaisir
aux conflits, que ceux-ci le nourrissent et, peut-être, l’amènent à se
dépasser. Il est évident qu’il s’accroche souvent à des peccadilles qu’il monte
en épingle et qu’il en tire des conclusions provocatrices, propres à alimenter
la querelle. Il est aussi clair que, sous cette brouille, ce sont les factions
conservatrices et libérales qui s’affrontent. Quant à moi, toute cette esclandre
m’apparaît bien inutile.
Voir aussi :
Polémique Chapman-Fréchette
Le lauréat
Le lauréat manqué
William Chapman sur Laurentiana
Les Québéquoises (1876)
Les feuilles d’érables (1890)
Les aspirations (1904)
Les fleurs de givre (1912)
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