Doux souvenirs de mes jeunes années,
De l'idéal trop courtes visions,
Parfums exquis de mes roses fanées,
De mon printemps chastes illusions,
Ah ! revenez dorer mon existence
Comme au bon temps où, la nuit de Noël,
Le cœur ému, j'écoutais en silence
Pour percevoir les chants sacrés du ciel.
Je me taisais et croyais voir les anges
Planer au loin dans la voûte des cieux ;
L'air me semblait rempli de voix étranges
Qui m 'arrivaient en sons harmonieux.
Quand, vers minuit, nous allions à l'église,
J'interrogeais des yeux le firmament,
Croyant trouver dans chaque ombre indécise
Une aile d'ange au doux bruissement.
Mais l'âge mur, avec tout son cortège
De noirs soucis, bornant mon horizon,
Couvrit mon cœur de son manteau de neige
Et le glaça sous la froide raison.
Qui me rendra mes légendes si chères,
Mes plaisirs purs et mes bonheurs d'enfant
Mes rêves d'or, mon amour des mystères,
Ma foi naïve et mes anges d'antan?
Resté fidèle aux antiques croyances.
J'éprouve encore en ce jour solennel
Comme un regain des saintes espérances
Qui me montraient jadis un coin du ciel.
J 'oublie alors les ronces de la route,
Et les soucis d'un travail énervant,
Pour diriger vers la céleste voûte
Et ses clous d'or un regard plus fervent.
Fall River, 25 décembre 1893.
(Rémi Tremblay, Vers l’idéal, 1912, p. 147-148)
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