Eugène
Achard, Aux bords du Richelieu, Montréal, Beauchemin, 1925, 288 pages.
Voici les six récits que contient ce recueil.
La
puce — Séraphine Laframboise, surnommée la Puce, a un seul grand
défaut : elle arrive toujours en retard à la grand’messe du dimanche.
Zozor
— Basile et Basilide ont tout pour eux : une belle ferme dans un endroit
enchanteur à St-Jean sur le Richelieu. Et quand leur arrive un poupon, un
garçon en surcroît, c’est le bonheur total. Après moult tergiversations, ils
finissent par arrêter le nom du poupon, ou plutôt ses multiples noms. Ce sera Chérubin-Herménégilde-Timoléon-Basile-Basilide-Perpétuel-Nabuchodonosor. Bien entendu, monsieur le curé n’est pas très content!
Le
moulin de grand-père — Récit très descriptif de la journée d’une famille
qui possède un moulin à scie près du Richelieu. Achard décrit toutes les
opérations, en utilisant les mots du cru, comme le faisait Adjutor Rivard et
les auteurs du courant « Vieilles choses, vieilles gens ». Récit imprégné
de nostalgie pour un monde en train de s’éteindre.
Le
message de la morte — Jacques et son frère sont devenus orphelins très tôt.
C’est leur grande sœur qui les a élevés. Jacques est devenu un riche banquier
alors que son frère, alcoolique, a tiré le diable par la queue. Leur sœur est finalement
morte dans la plus cruelle indigence puisque Jacques n’est pas venu à son
secours lorsqu’elle a fait appel à lui. Et maintenant, c’est lui qui doit
affronter son destin : il a commis des malversations dans la banque qu’il
dirigeait et la police va bientôt venir. Le souvenir et les paroles de sa sœur
défunte l’empêchent de se suicider.
Une
excursion de vacances — « Quant à nous, les finissants, qui venions
de nous former en amicale, nous avions résolu d’aller en sceller le pacte sur
la cime du mont Saint-Grégoire, en contemplant de là-haut le lever du soleil.
Tout le monde ne peut pas inaugurer sa vie active par un voyage aux montagnes
Rocheuses, n’est-ce pas? mais l’on fait ce que l’on peut! » Achard raconte
cette journée en montagne et du même coup décrit la région environnante qu’il
semble beaucoup aimer.
Le
tombeau du Mont St-Grégoire — Le narrateur, au terme d’une journée de
chasse sur le mont St-Grégoire, est surpris par un orage. Au pied du mont se
trouvent les ruines du manoir que le seigneur John Johnson avait érigé au début
du XIXe siècle. Il s’abrite dans le tombeau
qui avait reçu les restes de Johnson en 1830. Vers minuit, le fantôme de celui-ci
lui apparaît et lui raconte sa triste histoire d’amour avec Arabella. Ayant
surpris sa femme avec son amant, il a tué celui-ci, pendant que sa nounou
poignardait sa femme, double meurtre qui
ne fut jamais puni. Mais voilà, le narrateur n’est pas sûr que cette version de
l’histoire soit la bonne; il se peut que ce soient le lieu (ruines), le temps (nuit
d’orage) et ses sens (fatigue d’une longue journée de chasse) qui lui jouent un tour. Récit fantastique.
Eugène Achard est arrivé au Québec dans les habits d’un frère mariste en 1903. Il quitte sa congrégation et renonce à l’enseignement en 1924. Alors commence une longue et fructueuse carrière d’écrivain. Il a écrit plus de 100 livres. Aux abords du Richelieu est son premier.
Si tous les récits ont un lien plus ou moins étroit avec le Richelieu, on ne peut pas dire que tous se ressemblent. La « manière» est différente : Le moulin de grand-père et Une excursion de vacances ne doivent rien à la fiction. Ce sont des récits très réalistes, qui se présentent comme autobiographiques. Le tombeau du Mont-Grégoire est un récit fantastique à la Edgar Poe. Le message de la morte est un mélo. Enfin, mes préférés, La Puce et Zozor sont deux courtes histoires fantaisistes qui donnent dans l’humour, cet humour « bon enfant » qu’on pratiquait à l’encontre de la religion. La prose d’Achard, sans être recherchée, est élégante et soignée.
En 1957, le livre est publié (sous un autre titre,
sans le dernier récit) dans une collection
qui s'adresse aux adolescents. (BAnQ)
|
Si tous les récits ont un lien plus ou moins étroit avec le Richelieu, on ne peut pas dire que tous se ressemblent. La « manière» est différente : Le moulin de grand-père et Une excursion de vacances ne doivent rien à la fiction. Ce sont des récits très réalistes, qui se présentent comme autobiographiques. Le tombeau du Mont-Grégoire est un récit fantastique à la Edgar Poe. Le message de la morte est un mélo. Enfin, mes préférés, La Puce et Zozor sont deux courtes histoires fantaisistes qui donnent dans l’humour, cet humour « bon enfant » qu’on pratiquait à l’encontre de la religion. La prose d’Achard, sans être recherchée, est élégante et soignée.
Lire Les contes du Richelieu sur la BAnQ
Eugène Achard sur Laurentiana
Aux bords du Richelieu