La pièce a été jouée pour la première fois le 17 août 1959 au théâtre de la Comédie-Canadienne. La distribution comprenait dans les rôles principaux : Jean Duceppe (Phil), Yves Létourneau (Henri), Gratien Gélinas (Bousille), Juliette Huot (la mère).
ACTE I
Avant-midi. Aimé Grenon a tué Bruno Maltais parce qu’il tournait autour de Colette Marcoux, son amoureuse. Le jour du procès est arrivé. La famille d’Aimé (la mère, sa sœur Aurore et son mari Phil, son frère Henri et sa femme Noëlla, ainsi qu’un « vague » cousin pas très déluré, Bousille) se retrouve dans une chambre d’hôtel dans l’attente du procès. L’avocat les y rejoint et l’heure venue, tout le monde se rend au palais de justice, sauf Noëlla et le frère Nolasque (qu’on est allé quérir), qui restent avec la mère.
ACTE II
Le même jour en fin d’après-midi. De retour de la première journée du procès, l’avocat veut rencontrer Colette Marcoux (Noëlla, qui est son amie, a réussi à la convaincre de venir à l’hôtel) et Bousille, deux témoins de la poursuite, afin de préparer sa défense. On découvre que Colette ne porte pas en son cœur Aimé Grenon, un violent, un soulon et un paresseux. Pour tout dire, elle en a peur. Il lui a fait un enfant et elle s’est fait avorter. Quant à Bousille, il raconte les circonstances du meurtre. Aimé et Bruno se sont rejoints dans les toilettes, Aimé lui a assené un coup de poing, la tête de Bruno a heurté le ciment. Aimé a voulu le frapper une seconde fois. Bousille est intervenu pour empêcher ce second coup, mais Bruno est mort quand même. Ce second coup est important, parce qu’il pourrait signifier aux yeux des jurés une vengeance préméditée.
Le lendemain. Phil et Henri s’arrangent pour être seuls avec Bousille en attendant la reprise du procès. Ils veulent le forcer à faire un faux témoignage, c’est-à-dire à ne pas révéler qu’Aimé a tenté de frapper une seconde fois Bruno. Ils commencent par le flatter, par jouer sur son amour-propre, enfin par lui promettre des récompenses (un poste et un scooter). Rien n’y fait. Bousille est très religieux. Finalement, Henri utilise la violence. Il le force à jurer sur son missel qu’il ne parlera pas du second coup incriminant.
ACTE IV
Le même jour en fin d’après-midi. Bousille et Colette ont témoigné en avant-midi. Après son témoignage, Phil a renvoyé Bousille dans son village. Tout le monde revient du palais de justice, triomphant. Aimé est innocenté. Déjà Aurore se promet de rabattre le caquet aux commères de Saint-Tite. La mère est déjà prête à commencer la neuvaine promise. Ils vont quitter l’hôtel pour retrouver Aimé, quand le téléphone sonne : Bousille s’est suicidé.
Cette pièce mélodramatique est une furieuse charge contre la religion, contre l’hypocrisie de la famille canadienne-française. Il faut absolument sauvegarder l’honneur de la famille, peu importent les moyens. Entre la religion et la violence, il n’y a plus de fossé. Les deux se relaient pour détruire le naïf Bousille. Ce qui empêche la pièce de Gélinas d’être une réussite complète, c’est la caricature de la mère (elle traîne une statue à l’hôtel, fait une crise d’hystérie parce qu’elle a perdu son chapelet, assiste à la messe pendant le procès…) et la faiblesse du personnage de Bousille qui donne trop dans le pathétique (un « simple d’esprit » doublé d’un scrupuleux, ancien alcoolique, en partie handicapé). Dommage car Phil, Henri, Aurore (dans une moindre mesure) et Noella sont des personnages très forts.
Extrait
AURORE, sortant de la salle de bain : Dépêchons-nous: Henri est en bas dans l'auto; il veut qu'on aille tous ensemble attendre Aimé à la porte du Palais de Justice.
LA MÈRE, crie de l'autre chambre : Ça traînera pas!
AURORE, à Phil : Appelle le garçon pour les bagages.
PHIL, se verse charitablement une autre rasade : Une seconde. Il me faut encore un peu de liquide dans le chameau avant de traverser le désert.
AURORE, retouchant son rouge à lèvres devant la glace de la commode : Je connais quelques commères à Saint-Tite qui feront mieux de se fermer la margoulette, si elles ne veulent pas recevoir une poursuite par la tête!
LA MÈRE, vient chercher son sac sur le pied du lit : La bonne sainte Anne, elle va l'avoir, son pèlerinage, je vous préviens! (Elle retourne dans la chambre voisine.)
PHIL, marmotte : Moi, je fournis la bière. (Au téléphone, son verre à la main) Allô! Ici le 312. C'est pour vous dire qu'on décampe, toute la bande. Envoyez donc le garçon pour descendre les munitions, voulez-vous?... Eh oui! il y a longtemps qu'on n'a pas fait de pique-nique, alors on part en pèlerinage! (Il raccroche.)
LA MÈRE, qui sort de la chambre voisine, manteau sur le dos, chapeau sur la tête et sac au bras : Allons-y: je suis parée. […]
PHIL, prenant la photo d'Aimé sur la commode : Oubliez pas la photo d'Al Capone.
LA MÈRE : Cher petit chou, va! (Elle baise la photo avant de la glisser dans son sac.)
AURORE : Tenez, votre statue miraculeuse. (Elle lui tend la statue de sainte Anne, déballée au premier acte.)
LA MÈRE, dramatique, la statue à la main : Silence, une minute! Avant de partir, mettons-nous tous à genoux, ensemble plus que jamais, pour remercier la bonne sainte Anne de nous avoir exaucés.
AURORE, comme la mère va s'agenouiller : Vous, maman, ne recommencez pas vos litanies!
PHIL : Pourquoi vous forcer le moulin à prières, la belle-mère? On l'a eu, ce qu'on voulait.
LA MÈRE: Oui, mais... Le téléphone a sonné.
AURORE : Venez! Vos petites dévotions, vous les ferez une autre fois. (Elle se dirige vers le téléphone.)
PHIL : Bien sûr! Ça va bien, là : on priera la prochaine fois qu'on sera dans le pétrin.
AURORE, a déjà répondu à l'appareil : Qui?... (Aux autres.) Saint-Tite qui appelle!
PHIL, étonné : Saint-Tite?
AURORE, au téléphone : Allô!... Oui, madame Laberge...
HENRI, faisant irruption dans la pièce: Qu'est-ce que vous faites, bon Dieu? Grouillez-vous!
LA MÈRE, attrapant son sac : Moi, je suis prête: je descends tout de suite. (Elle sort à la course).
PHIL, s'approchant d'Aurore, inquiet : Quoi?...
AURORE, laisse, hébétée, retomber le récepteur : Ghislaine...
PHIL, soudain dégrisé: Qu'est-ce qu'il y a?
AURORE, la voix blanche : ...vient de trouver Bousille dans le grenier du garage... pendu!
Noëlla se prend le visage dans les mains. Les autres restent pétrifiés.
AURORE : ...La police nous attend là-bas pour l'enquête. Après un silence de plomb, Henri baisse la tête, le regard stupide.
PHIL, se tourne lentement vers lui et murmure, les dents serrées : Tu voulais éviter un scandale : prépare-toi à nous sortir de celui-là, mon salaud!
Extrait
AURORE, sortant de la salle de bain : Dépêchons-nous: Henri est en bas dans l'auto; il veut qu'on aille tous ensemble attendre Aimé à la porte du Palais de Justice.
LA MÈRE, crie de l'autre chambre : Ça traînera pas!
AURORE, à Phil : Appelle le garçon pour les bagages.
PHIL, se verse charitablement une autre rasade : Une seconde. Il me faut encore un peu de liquide dans le chameau avant de traverser le désert.
AURORE, retouchant son rouge à lèvres devant la glace de la commode : Je connais quelques commères à Saint-Tite qui feront mieux de se fermer la margoulette, si elles ne veulent pas recevoir une poursuite par la tête!
LA MÈRE, vient chercher son sac sur le pied du lit : La bonne sainte Anne, elle va l'avoir, son pèlerinage, je vous préviens! (Elle retourne dans la chambre voisine.)
PHIL, marmotte : Moi, je fournis la bière. (Au téléphone, son verre à la main) Allô! Ici le 312. C'est pour vous dire qu'on décampe, toute la bande. Envoyez donc le garçon pour descendre les munitions, voulez-vous?... Eh oui! il y a longtemps qu'on n'a pas fait de pique-nique, alors on part en pèlerinage! (Il raccroche.)
LA MÈRE, qui sort de la chambre voisine, manteau sur le dos, chapeau sur la tête et sac au bras : Allons-y: je suis parée. […]
PHIL, prenant la photo d'Aimé sur la commode : Oubliez pas la photo d'Al Capone.
LA MÈRE : Cher petit chou, va! (Elle baise la photo avant de la glisser dans son sac.)
AURORE : Tenez, votre statue miraculeuse. (Elle lui tend la statue de sainte Anne, déballée au premier acte.)
LA MÈRE, dramatique, la statue à la main : Silence, une minute! Avant de partir, mettons-nous tous à genoux, ensemble plus que jamais, pour remercier la bonne sainte Anne de nous avoir exaucés.
AURORE, comme la mère va s'agenouiller : Vous, maman, ne recommencez pas vos litanies!
PHIL : Pourquoi vous forcer le moulin à prières, la belle-mère? On l'a eu, ce qu'on voulait.
LA MÈRE: Oui, mais... Le téléphone a sonné.
AURORE : Venez! Vos petites dévotions, vous les ferez une autre fois. (Elle se dirige vers le téléphone.)
PHIL : Bien sûr! Ça va bien, là : on priera la prochaine fois qu'on sera dans le pétrin.
AURORE, a déjà répondu à l'appareil : Qui?... (Aux autres.) Saint-Tite qui appelle!
PHIL, étonné : Saint-Tite?
AURORE, au téléphone : Allô!... Oui, madame Laberge...
HENRI, faisant irruption dans la pièce: Qu'est-ce que vous faites, bon Dieu? Grouillez-vous!
LA MÈRE, attrapant son sac : Moi, je suis prête: je descends tout de suite. (Elle sort à la course).
PHIL, s'approchant d'Aurore, inquiet : Quoi?...
AURORE, laisse, hébétée, retomber le récepteur : Ghislaine...
PHIL, soudain dégrisé: Qu'est-ce qu'il y a?
AURORE, la voix blanche : ...vient de trouver Bousille dans le grenier du garage... pendu!
Noëlla se prend le visage dans les mains. Les autres restent pétrifiés.
AURORE : ...La police nous attend là-bas pour l'enquête. Après un silence de plomb, Henri baisse la tête, le regard stupide.
PHIL, se tourne lentement vers lui et murmure, les dents serrées : Tu voulais éviter un scandale : prépare-toi à nous sortir de celui-là, mon salaud!
Tit-Coq
Bousille et les justes
Aucun commentaire:
Publier un commentaire