Dugast M. (Georges Dugas), Légendes
du nord-ouest, Montréal, Librairie Saint-Joseph, Cadieux & Derome,
1883, 141 p.
La crainte de l'enfer
Tourangeau, comme beaucoup de
voyageurs, a épousé une Indienne et n'est jamais revenu au Québec. Il vit avec elle
et ses enfants près du Lac Athabasca. Un jour, sa femme entend un autre
voyageur qui parle de l'enfer. Elle en éprouve une telle crainte qu'elle exige
de son mari qu’il l’amène à Rivière-Rouge pour y recevoir une éducation
chrétienne.
Bataille de soixante et sept Métis contre deux mille Sioux, en 1851
Les 13 et 14 juillet 1851, 67
Métis partis à la chasse sont attaqués par 2000 Sioux sur le pied de guerre.
Ils vont se regrouper autour de leurs charriots et résister pendant deux jours aux
attaques des Sioux qui finissent par abandonner faute de munitions.
Une leçon de pugilat
Un curé, immense, nouvellement
arrivé à Fort William (Lac Supérieur), décide de mettre fin aux combats que se
livrent les voyageurs en empoignant les deux pugilistes et en les secouant l’un
contre l’autre.
Légende de la femme sauvage
Le jeune chef des Corbeaux,
poursuivi par des Pieds noirs, abandonne sa femme pour accélérer sa fuite.
Quelques jours plus tard, en passant inaperçu, il se glisse dans le camp des
Pieds noirs pour reprendre sa femme. Elle lui dit de l’attendre dans un petit
bois tout près. Insultée que son mari
l’ait abandonnée, elle le dénonce, les Pieds noirs s’en emparent et le
torturent au grand plaisir de sa femme. Il est laissé pour mort, mais s’en
tire. Quelque temps plus tard, avec ses compatriotes, il attaque le camp des
Pieds noirs, s’emparent de sa femme et la brûle.
Voyage de 1800 milles à pied, fait par Jean-Baptiste Lajimonière dans
l'hiver de 1815
Dugas raconte le long et
difficile voyage de Lajimonière, un coureur de bois renommé, du Manitoba
jusqu’à Montréal, pour le compte de la compagnie de la Baie d’Hudson. On l’a
chargé d’un message pour lord Selkirk.
Il doit lutter contre le froid, la faim mais aussi se méfier des agents
de la compagnie du Nord-Ouest. Il sera finalement intercepté sur le chemin du
retour, avant d’être libéré quand la compagnie d’Hudson s’empare du fort
Douglas.
Légende du fort Garry
Le fort Gary occupa beaucoup de
place dans la vie des Métis. C’est là qu’ils formèrent les premiers mouvements
d’opposition contre le joug britannique. Ils réclamaient la liberté du
commerce, monopole de la compagnie du
Nord-Ouest. Le père de Louis Riel devint leur chef.
Massacre de la rivière Saint-Pierre
En 1861, dans le Minnesota, les
Sioux massacrent tous les habitants des alentours de la rivière Saint-Pierre, prétextant
que les grands esprits leur ont commandé ces actes barbares.
Marguerite Trottier, scalpée par les Sioux
En 1808, six hommes qui se
rendent du fort Qu’Appelle au fort Gibraltar sont attaqués par des Sioux. Parmi
eux se trouvent un certain Jutras qui travaille pour la compagnie du
Nord-Ouest, sa femme indienne Marguerite Trottier, et son enfant. Quatre
hommes sont tués sur le coup et deux réussissent à fuir, dont Jutras,
abandonnant femme et enfant. On retrouve sa femme scalpée et à moitié mourante
et l’enfant, mort. Elle survivra, mais quittera son mari.
Ce n’est pas un ouvrage
littéraire. Ce ne sont pas aussi des légendes au vrai sens du terme. Dugas (1833-1928)
raconte une série d’anecdotes, plusieurs très cruelles, qui font partie de la
petite histoire de l’Ouest canadien. La plupart se sont passées avant sa venue dans l’Ouest.
D’ailleurs, il cite à quelques reprises
ses sources. Il y ajoute quelques considérations générales sur la vie de ces pionniers, sur
les batailles entre les deux grandes compagnies, sur les exactions des Indiens
(vus très négativement). On apprend peu de choses de la vie quotidienne des
Métis, quelques bribes d’histoire par-ci, un peu d’ethnologie par-là, mais rien
de plus. Sous son vrai nom, Dugas a écrit en 1890 un deuxième recueil de Légendes du Nord-Ouest
(même titre, ce qui peut prêter à la
confusion).
Extrait
De tous les voyageurs canadiens
du N.-Ouest, tin des plus remarquables marcheurs connus, a été sans contredit
J.-Bte Lajimonière. Il entreprit et accomplit des courses dont le récit
paraîtrait incroyable, si des témoins encore vivants n'étaient pas prêts à en
affirmer la vérité. Une chose peut-être aussi étonnante que sa force pour
supporter la fatigue, ce fut son coup d'œil pour se diriger à travers les bois
et le désert vers le point où il voulait aller. Au dire d'un ancien bourgeois
des compagnies, M. McKenzie, J.-Bte Lajimonière n'a jamais trouvé, même parmi
les sauvages, qui semblent doués de l'instinct des animaux les plus sagaces, un
homme pour s'orienter aussi bien que lui. Il savait, après plusieurs jours de
marche dans diverses directions, revenir droit au point d'où il était parti.
Aussi, pour expédier un message, avait-on la plus grande confiance en lui, car
il était aussi brave et hardi que courageux et entreprenant.
En l'année 1815, J.-Bte
Lajimonière, après avoir habité tantôt à Pembina, tantôt à la Saskatchewan,
puis de nouveau à Pembina, s'était enfin bâti une petite cabane sur les bords
de l'Assiniboine, pour lui et sa famille. Il y vivait de pêche et de chasse,
quand, un jour, un des premiers employés au fort Douglass l'invita à venir le
voir pour une affaire très importante. Cet employé se nommait Collin Robinson.
Depuis deux ans les compagnies du
N.-Ouest, et de la Baie d'Hudson étaient en lutte ouverte. Les forts, qui
étaient voisins, s'épiaient nuit et jour pour arrêter les messages et saisir
les lettres, et découvrir les machinations d’une compagnie contre l’autre. (p.
66-68)
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