28 janvier 2022

Ces filles de nulle part

Serge Deyglun, Ces filles de nulle part, Montréal, Atys, 1960, 125 pages.

Le recueil contient quatre nouvelles, dont trois portent le nom d’une femme. En 1949, Serge Deyglun s’est engagé comme marin et a navigué 18 mois aux Antilles. On peut supposer que ce périple est à la source de son recueil.

Cycle
Le narrateur erre, entre autres dans le port. Son regard se porte surtout sur la laideur de la ville. On comprend qu’il veut partir.


Esther
Esther est une prostituée, très attachante, rencontrée dans un port en Colombie lors d’un escale qui dure une semaine. Le narrateur fréquente les bars et surtout se paie tout un « trip » de marijuana, et une longue discussion avec une mite. « Et elle baissa les yeux avec une humilité qui me parut assez fausse. Je regrette de ne pas pouvoir renseigner le lecteur sur la véracité de cette humilité car, étant nouveau dans le monde de la quatrième dimension, je conserve encore, malgré moi, une conception "humaine" des choses et de sentiments. Il serait bon toutefois de vous apprendre que la mite est un animal aux dehors extrêmement honnêtes et propres. Une discussion avec un lépidoptère est chose très difficile. D'abord, la mite a la troublante et peu humaine habitude de vous regarder droit dans les yeux, ce à la longue, devient insupportable, Ensuite, elle a des yeux, dix fois plus volumineux que les vôtres, et s’il est vrai que les yeux sont "le miroir de l'âme", je comprends pourquoi certains contemporains l'enfouissent si profondément, la disent impalpable, et se hâtent d'en faire une chose sacrée. L'âme de la mite est trop évidente pour en être une, mais si cela est, je ne comprends pas mon animosité envers son regard. »

Cajua
Pour régler son problème d’alcool, un médecin a convaincu le narrateur d’accepter un poste en pleine jungle. La compagnie fait de l’exploitation forestière à Desterrada, en Amazonie. Sur le bateau qui l’amène à son poste, il rencontre Cajua, la jeune maîtresse cubaine du capitaine. Et il lui raconte plein d’anecdotes, parfois personnelles, parfois délirantes, ce qu’elle écoute patiemment.

Gréda
Récit assez surréaliste. Le narrateur, perdu dans un pays sans nom, rencontre Greda, une femme qui lui demande de cesser de parler et de regarder. De se contenter de regarder.

Les quatre récits sont étonnants, déroutants et parfois un peu confus. Il va de soi qu’on est loin du récit à la Maupassant. On trouve des relents du nouveau roman et de tous les mouvements artistiques de la première moitié du XXe siècle. Les narrateurs sont des êtres seuls qui se cherchent. Ils voyagent d’abord pour se dépouiller de tout ce qu’il traîne avec eux dans leur vie. Pour laver leur esprit. C’est l’époque de l’existentialisme et cela aussi est palpable chez Deyglun. Bien que ce ne soit pas le but, les récits de Deyglun illustrent le pouvoir colonial et le racisme qui l’accompagne.

Les trois derniers récits ont été réédités en 1971 aux éditions du Jour. Son ami Michel Garneau a signé la préface.

Extrait
« Cette nuit d'automne ou les panneaux-réclames ont écrit "cycle" m'a fait comprendre que je ne laisserais rien en arrière et que mes ennuis étaient déjà dans mes bagages, dans l'odeur de mes vêtements. Je ne crois pas en l'engagement. Cette tentative de justification me laisse froid. Je déteste le monde et tous les hommes. Je déteste encore plus leur conscience et cette ardeur épouvantable à être de mauvaise foi. Il n'y a pas d'ordre, rien de défini, aucune vérité antérieure aux hommes. C'est pourquoi je suis sceptique sur la qualité d'un engagement, quel qu’il soit. Dans l'état où sont les choses aujourd'hui, rien n'est valable et l'équilibre des peuples et de leurs systèmes n'existe pas. Ce voyage n'est pas une fuite, ce n'est pas non plus un compte rendu, non, seulement une autre chose inutile qui me rapproche de plus en plus de la seule chose à laquelle il nous est permis de croire: Le néant. »

Sur Serge Deyglun

Né en trompette

21 janvier 2022

Les éditions Atys (2e partie)

Les éditions Atys (1957-1971) ont été fondées à Roberval par Gilbert Langevin. C’est d’ailleurs dans cette ville que le premier recueil de la maison est imprimé : Nouveautés poétiques (Pour en savoir plus). Langevin aurait choisi le nom par admiration pour un recueil de François Mauriac : Le sang d'Atys (Grasset, 1940). 

Dès 1959, Langevin déménage ses pénates et sa maison d’édition à Montréal. À la gueule du jour, le deuxième recueil de la maison, est imprimé par Arbour et Dupont en mars. En tout, Atys va publier 22 livres (dont trois ou quatre sont davantage des fascicules), tous des recueil de poésie (ou presque) sauf Ces filles de nulle part de Serge Deyglun.  

La maison d’édition faisait partie d’un projet plus vaste que Langevin appelait « L’Institut Atys ». Il voulait créer un rassemblement de jeunes artistes et différents forums pour s’exprimer, projet qu’on retrouve quelque peu défini dans une publication d’Atys : Les cahiers fraternalistes en 1964. Le tout devait reposer sur une philosophie commune et assez mal définie, le fraternalisme. Juste à voir certaines informations assez farfelues (par exemple, on annonce des titres qui ne seront jamais publiés, ou encore on prétend que la maison a des antennes en France), on comprend que l’improvisation et l’humour ont souvent servi de moteur dans la gestion de la maison.

Source : Richard Giguère et André Marquis, L'Édition de poésie : les éditions Erta, Orphée, Nocturne, Quartz, Atys et l'Hexagone, 1989, 259 pages

 

J’ai l’intention de présenter dans les semaines à venir tous les livres d’Atys (sauf Poèmes à l’effigie de… que je n’ai pas et auquel je n’ai pas accès).

J’ai déjà publié en 2018 une courte introduction aux éditions Atys. J’en republie aujourd’hui une version légèrement remaniée avec la liste des recueils mise à jour.

Les éditions Atys (1ère partie)

« Mes premiers poèmes je les ai publiés dans L'Étoile du Lac, le journal de Roberval. C'est là également que j'ai fondé Éditions Atys. Le premier volume des Éditions Atys a été imprimé chez les « Imprimeurs de Roberval ». Il y avait quelques poèmes de moi, quelques poèmes d'amis et une étude sur Georges Larouche que tout le monde connaît, le fondateur de Val-Menaud. Georges Larouche est peut-être l'écrivain qui m'a le plus influencé. » (Gilbert Langevin)

Richard Giguère, Un mouvement de prise de parole : les petits éditeurs de poésie des années 50 et 60 au Québec

« Atys pratiquait le compte d'auteur classique: Langevin acceptait un manuscrit, le portait chez l'imprimeur et, une fois le livre assemblé, c'est l'auteur qui payait la note et se retrouvait avec les exemplaires sur les bras, obligé de les distribuer lui-même. » (André Major)

André G. Bourrassa, L’ange noir qu’est Langevin

Gilles Côté, Gilbert Langevin ou L’Ange de la noirceur lumineuse

« Un dynamisme identique anime les Éditions Atys au début des années soixante. Là encore, de jeunes poètes, alliant le personnalisme d’Emmanuel Mounier au socialisme de Karl Marx, écrivent des poèmes qui démultiplient le sens de leur engagement politique et de leur approfondissement métaphysique axés sur une difficile prise de conscience de la nature humaine et, plus spécifiquement, du sort dévolu aux hommes et aux femmes du Québec. Gilbert Langevin, André Major, Yves-Gabriel Brunet, Jacques Renaud et Jean Gauguet-Larouche sont les porte-parole les plus représentatifs de cette maison d’édition qui entretient des liens étroits avec Parti pris, où se retrouvent quelques poètes d’Atys. » (DOLQ, 1960-1969, p. XXVII)


BIBLIOGRAPHIE : 

1958

Langevin Gilbert [Gyl Bergevin) et all. Nouveautés poétiques (Silex 1)

1959

Langevin Gilbert, À la gueule du jour

1960

Deyglun Serge, Ces filles de nulle part..., nouvelles

1960

Langevin Gilbert, Poèmes à l'effigie de Larouche, Larsen, Miron, Carrier, Chatillon, Caron, Marguère et moi, 11 p. (hors-commerce)

1960

Langevin Gilbert, Le vertige de sourire, 4 p. (hors-commerce)

1960

Caron Louis, Pierre Chatillon et Olivier Marchand, Silex 2, 19 p.

1961

Brunet Yves-Gabriel, Les hanches mauves

1961

Dor Georges, Chante-pleure, poèmes sépara-tristes

1961

Gauguet-Larouche Jean, Cendres de sang (Silex 3)

1961

Laurier Claude (Claude-Lise Lapointe), D'un monstre à l'autre

1961

Major André, Holocauste à 2 voix

1961

Major André, Le froid se meurt (Silex 4)

1961

Roussan Jacques de, Le pouvoir de vivre

1962

Bélanger Marcel, Pierre de cécité

1962

Renaud Jacques, Électrodes

1963

Gauguet-Larouche Jean, La Saignée du pain, poèmes

1963

Langevin Gilbert, Symptômes, poèmes, 1959-1960

1964

Langevin Gilbert et all., Les cahiers fraternalistes (Silex 5), 29 p.

1965

Lalonde Robert, Rafales de braise

1970

Lalonde Robert, Charivari des rues

1971

Lalonde Robert, Kir-Kouba

1971

Moore Gilbert, L’exode ardent

 


14 janvier 2022

Souvenirs pour demain

Paul Toupin, Souvenirs pour demain, Montréal, CLF, 1960, 100 pages. 

Ce livre a remporté deux prix prestigieux : le GG du meilleur livre de non-fiction et le prix de la meilleure publication étrangère de langue française décernée par l’Académie française.

 

Paul Toupin (1918-1993) est un auteur bien oublié aujourd’hui. Il abandonne le théâtre au début des années 60 pour se consacrer au roman et à l’essai. Souvenirs pour demain est un début d’autobiographie qu’il poursuivra dans Mon mal vient de plus loin (1969) et De face et de profil (1977).

 

Dans la première partie, « Enfance », il raconte ses étés heureux auprès de sa grand-mère qui vivait près du fleuve et son difficile parcours scolaire, au collégial et à l’université, en raison de  ses difficultés avec l’autorité et avec les disciplines imposées. Dans la seconde partie, « Métamorphose », il fait le pari de nous raconter son grand amour de jeunesse sans jamais qu’on sache s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. En 1960, l’homosexualité était taboue et condamnée par l’église… et un peu tout le monde, d’où sa prudence. Dans la troisième partie, « Requiem », il relate la maladie qui devait emporter son père médecin, mort d’un cancer dans la cinquantaine. C’est l’occasion de se remémorer les liens difficiles qu’ils entretenaient, de tenter de cerner le caractère qu’il avait et de s’interroger sur le sens de cette vie, en fait de toute vie.

 

La plupart du temps, Paul Toupin explique plutôt que de raconter, un peu comme le faisaient les romanciers des années 50.  Ses explications ne sont jamais banales. On découvre une personne qui n’est jamais au diapason avec son environnement humain. Cependant, l’esprit libre qu’il était, ne verse jamais dans le ressentiment ou les dénonciations à l’emporte-pièce. On devine un homme assez orgueilleux, non par fierté pour une quelconque réussite, mais plutôt pour avoir pris la mesure exacte de sa vie et de celle des gens qui l’entourent. 

 

Extrait

Il se réveillait, les yeux encore tout pleins des reflets de son rêve, dont il semblait poursuivre la dernière image. Il nous regardait mais sans nous voir, comme revenant dans un monde qui n'était plus le sien. C'est que la mort imposait de plus en plus sa présence. Elle n'était plus la timide personne qui, au début, n'osait dire son nom, et qui n'était pas invitée. Maintenant, avec confiance, sûre d'elle-même, elle s'installait, prenait ses aises. Jusque-là son travail avait été lent. Il ne fallait pas beaucoup d'expérience pour immobiliser une jambe, un bras. Mais elle n'avait attaqué que de loin, s'en prenant à ce qui était désarmé. Maintenant, elle allait déployer la plus rusée de ses stratégies pour remporter un assaut qui devait être final. Elle était sûre de vaincre. Elle s'était réfugiée subrepticement sur le ventre du malade. De là, elle déroulerait ses derniers anneaux, ceux qui paralyseraient tout le corps, crachant de son venin dans les yeux pour les aveugler, dans les oreilles pour les rendre sourdes. Puis, enfin, elle tenterait d'éteindre l'intelligence qui était sa véritable ennemie, la place forte la plus difficile à conquérir parce que la moins saisissable, retranchée dans une parcelle du cerveau d'une matière tout invisible. C'est de là qu'il fallait déloger la volonté, l'amour, la compréhension, mais surtout cette autre force inexpugnable, l'honneur de vivre. (p. 84-85)

7 janvier 2022

Né en trompette

Serge Deyglun, Né en trompette, Montréal, Éditions de Malte, 1950, 62 pages (Couverture : Normand Hudon; préface : Éloi de Grandmont).

On a dit, dans les journaux de l’époque, qu’il fallait voir plus qu’un calembour dans le titre : la trompette de Deyglun est celle des musiciens de jazz, plus précisément du be-bop.  On a aussi répété que Deyglun improvisait sur un thème et ne revenait pas en arrière pour corriger, enrichir. Le premier texte, qui met en scène un trompettiste noir, semble confirmer ces hypothèses.

« Né en trompette », c’est 50 petits poèmes en prose qui ne font pas plus d’une page. On dit « poèmes », bien que certains textes n’aient rien de poétique : ils ressemblent à ce que les journaux de l’époque appelaient des « billets », comme Lozeau, Monique, Lisette… en écrivaient autour des années 20. Dans la préface, Éloi de Grandmont fait un rapprochement avec Paul Fort, dont la poésie était toute simple. Ne chicotons pas trop sur la nature du texte, surtout avec l’élasticité que les genres ont acquis depuis cinquante ans. 

S’il est difficile de classer ce petit volume, il l’est tout autant d’en cerner le contenu. Chaque billet-poème est facile. De là à tirer une synthèse du recueil, c’est autre chose. La plupart des textes racontent une expérience vécue, signifiante ou pas. Le « je » de l’auteur est bien présent. Vont servir de point de départ la musique, les relations amoureuses, la nature, la ville. Il ne faut pas y chercher des messages autres qu’un sentiment de solitude… Ce qui réunit plusieurs textes, c’est une certaine fantaisie verbale. On trouve quelques calembours mais surtout des associations d’idées et des chûtes qui peuvent surprendre. Deyglun veut nous amener là où on ne l’attend pas.  


NUIT DU FAUNE

J’ai bu des cocktails de rosée. Mon corps s’est dissous dans le brouillard et j’ai rampé dans les roseaux.

J’étais ivre de fumée et j’ai chanté avec les grenouilles.

Je me suis appuyé sur les quenouilles embrumées et c’était bon de voir que ces réverbères pliaient avec moi.

Je suis le faune de l’étang. Je m’enduis de lune et je vais, sur les rayons, « maga­siner » de l’amour et des étoiles. J’ai donné des baisers... j’ai fait mourir la rose tant ce baiser était profond. J’ai créé et détruit en même temps.

Je glane les parfums au rythme des cri­quets. Tiens ! mon Broadway s’allume. Les panneaux-réclame des mouches à feu an­noncent l’amour. J’entre dans un bar : « Aux Lucioles Assoiffées ». Je bois et je danse. Un « ouaouaron » joue de la contre­basse sur un nénuphar sans fleur ; un autre, aux tambours des champignons, prend un air détaché.

J’ai glissé sur la ville, j’ai éteint les pan­neaux et je me suis dissous dans le brouil­lard.

3 janvier 2022

Les boucliers mégalomanes

Les boucliers mégalomanes, écrit entre le 22 août 1965 et le 7 mai 1967, est paru dans Oeuvres créatrices complètes de Gauvreau (Montréal, Parti-pris, coll. du Chien d'or, 1977, pages 1225 à 1261). La suite comprend 85 poèmes. Je ne présente que les dix premiers.


Fazanarafaguila de la boulontonde de Bourgagirelle
Les espitontes ont ontrouvé le mel mélélieu des uts aux crétins
    zoluglavthdes
Les camps de concentration ont des avulettes où churmonte le
    masturbateur devant la psychologue Rogajette
L'iglou a terni le printemps des imodors cernés
Chasuble

2

Flic des Troismaisons
je renais sur la poitrine des piduchublagzes
Les ornes
    ont massacadré
    les tiels des pujes tonnés
Il est un mois
où les dents de la tombe
ont accroché sur leur zigtle
les dreux aux charbuses précanines
Doz doc

3

Staligusta de carukède de glanista ascète
Les églohires ont des palimaches
par delà le trop-vert des maximiliasses trivanutes
Ogléhojéba
Aglistibozbastien des praglingues aux statrissites schtaluples
Le bec aux hormones stellées marche sur les ondes du présent comme
    un câble errant
Je suis le dieu des daduves durvbrées
Et ma cassonte est le jappement du fuyard occis

4

Les cosmonautes ont des frères à terre
Et le jugement des juments procède des grelots qui ont aspiré la
    partance du tudère
Hojclombsèc
Les gazis des tueurs aimés des Papes hoppent le malixioufouf des
    fous à fourchettes pastèques
Vive la Geûnauzie!

5

Tharagotdznuc de paradoive
Eûglave ipsiol èzdou dèclè crammbèr
Les doigts ont des lueurs qui heurtent la ponar
Les dreux ont accenti le noeud des praves clofectes
Lalaleûh orgma pitouf arsudbul
Noum — wahahé

6

La lauziman de pocrida a époustouflé sur les flancs de la digue les
    carreaux œuvrés que nous avions déporés sur l’anse
Le crime a des croumes qui aspirent à déjecter le serment de l’athée
Nous serons là
Notre dromadaire sera étripé sur le salaire des injustes
Je vis Et ils crèvent
Noutaboufe

7

Trofénoupi di calbezoir des Naux à irpala ispanoulite
Les joies de la cromailloute ont absorbé sous les cylindres
    cadbugîcles les noix-frondes de la pénonces macrousettes
Leûllf
L’ix à torbe touctonde des boeufs à mercantilisme mercbandtouliste
    isseoit des derrières de la panuchette crochte
Crossette la balubette
Niérgxz stupollenne caducofibre des zdleûbes solmonne moune de la
    feûchta tue-piche
Bois des herbes à dible neûctomble
Soie

8

Ligaugardour ipsieûlé maxa armitta fleûche
Les droits de la pénanmibarouate occisent le trauplau où vit l’ixe
    de la génuflexion pample
Le ciboi à cul verdâtre mange le pêne ponleîne avec des cuillers
    serties de dentelles
La croix aux miroirs obèses salue le requiem de la dent mirâtre
    aux oxèmes pierres
Le divan est dru
et le divan a des plumes d’oie

9

Zogrotammbabarmandragore
les seins de la suplère
les stuples de la zdogle
rance
riosse riosso riôze
les snaumartubrigzes
effleuvent les farfirirs
de la dijagaldeble
Fromonski
iziduble daple du dicktobloz
framm ipslo zdagte strau
les jalimans de la staufédrexe
assumirent les paudjerx
de la cammzie ofl la badga
rumonkance

10

Stahlfeûré
ozbli stubadauklé vneû ochtepe fri max maulon
Les diabéjizes croxcafublixtent les rums de la punia frey
Folfi
cozcodcré clubte cloftbe criniau
Les végétaux aux arsives précieuses cadoumouflent les jeans aux
    rombières macmiafes
Doj dé zé blé bazdu frita

1 janvier 2022

DANS LE DOMAINE PUBLIC AUJOURD’HUI

Au Canada, les œuvres accèdent au domaine public cinquante ans après le décès de l’auteur.trice. L’ACEUM va modifier cette règle : la période doit être prolongée de 20 ans pour faire plaisir aux Américains, mais rien n’a encore été voté au parlement. Une proposition, exigeant des « ayant droit » qu’ils ou elles fassent une demande pour obtenir cette prolongation, sera peut-être ajoutée, ce qui serait une très bonne chose.  

Le plus souvent, ce sont la BAnQ et des sites dédiés aux œuvres du domaine public qui vont les rendre disponibles en ligne. Au Québec, la BEQ et Wikisource sont deux sites qui ont fait ou font beaucoup de travail en ce sens.

En 2022, les personnes abonnées au DP (domaine public) reçoivent un immense cadeau : l’œuvre de Claude Gauvreau. J’ai trouvé trois autres auteurs.trices très mineur.e.s qui accèdent au (et non « tombent dans le ») DP : Albert Pelletier, Henri Deyglun et Laure Berthiaume-Danault.

Sur Wikipedia, on présente leur biographie et une bibliographie de leurs œuvres. On peut aussi consulter le Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord (Éditions Fides, 1989) et le DOLQ.

Claude Gauvreau (1925-1971)

Il a fallu un certain temps avant que son œuvre soit reconnue, mais aujourd’hui plus personne ne remet en cause l’immense influence de Gauvreau sur le développement de la poésie québécoise.

Gauvreau sur Laurentiana
Beauté Baroque (1952)
Brochuges (1956)
Sur fil métamorphose (1956)
Étal Mixte (1968)

 


Albert Pelletier (1896-1971)

Albert Pelletier, un ardent nationaliste, a fondé les éditions du Totem qui ont publié Un homme et son péché, Les demi-civilisés et Chaque heure a son visage. Il est l’auteur de deux livres de critiques littéraires : Carquois et Égrappages.

Pelletier sur Laurentiana
Carquois (1931)




Henri Deyglun (1903-1971)

Henri Deyglun était aussi un acteur. Son œuvre dramatique est monumentale. Il est le père de l’auteur Serge Deyglun.

Deyglun sur Laurentiana
Les amours d’un communiste (1933)
C’est un mauvais garçon (1944)


 

 

Laure Berthiaume-Denault (1910-1971)

Laure Berthiaume-Denault a écrit deux romans : Marie-Jeanne et Mon sauvage. Elle était aussi peintre.

Berthiaume-Denault sur Laurentiana
Marie-Jeanne (1937)