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8 septembre 2021

Jean Rhobin

Justin Lefebvre, Jean Rhobin, MontréalSerge Brousseau, 1946, 145 pages. 

Jean Rhobin est né à La Baie, près du lac St-Pierre. Le jour de sa naissance, le docteur Blondin qui ne croit pas « à l’hérédité, mais aux présages », prédit qu’il deviendra politicailleur puisqu’un chien hurlait et des dindes caquetaient lors de sa naissance. Il faut dire que Rhobin est né dans une famille qui pratique la politique partisane comme d’autres vénèrent la religion. Le jeune Jean grandit et révèle tous ses talents lors de ses études classiques : plusieurs lui prédisent un brillant avenir, même si certains esprits critiques décèlent en lui un arriviste : « Ses confrères de collège le voyaient déjà député et ministre. Surtout ils attendaient de lui de grandes choses. L’œil, plus sceptique, de ses maîtres n’attendait de lui rien qui vaille. Il était déjà promis aux succès faciles. Comme tant de nos grands hommes il préférait toujours un mot d ’esprit à une bonne œuvre, une bonne blague à une bonne loi. »

 

Aux termes de ses études, il conclut un pacte avec son amoureuse. Il ira à New York poursuivre des études de chimiste et quand sa situation financière le lui permettra, il l’épousera. Quelques années passent et son amoureuse décède de tuberculose, sans qu’il la revoie. Jean revient dans sa région et finit par se lancer en politique en mettant de côté tous les beaux principes qui l’avaient déjà inspiré. « Il sacrifiera le devoir à la partisannerie; et, c’est dans ce domaine que Jean Rhobin, par son manque de caractère, trahira comme tant de ses pareils. »

 

Ce roman est un long requisitoire contre la politique telle qu’on la pratiquait au Québec à l’époque. Un trop long requisitoire qui écrase souvent le roman qui le porte. Lefebvre critique la formation des élites, dénonce leur manque d’idéal, pour tout dire leur aliénation.


Extraits

 

« Dans trop de collèges de notre province on refait depuis trente ans les mêmes discours. On s’imagine parler de quelque chose et croire à un avenir quelconque. On se livre en fait à un dévergondage de creuse éloquence qui masque trop souvent les réalités actuelles. » 

 

« Peu à peu se dessinait en Jean Rhobin ce phénomène d’usure rapide de l’idéal qui ne se produit que trop rapidement en notre pays. Il devenait affairiste, terre à terre, homme d’argent avant tout. » 

 

« Nous avons trop chez nous de Jean Rhobin et peut-être pas assez de docteurs Blondin. Ce qui nous manque terriblement en tout cas, c’est le type intermédiaire, ni visionnaire, ni fanatique, l’homme qui sait se dévouer, se donner, s’oublier lui-même au service d’une cause, en se débarrassant des préjugés séculaires. »

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