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20 novembre 2020

Le dit de l’enfant mort

Gabriel Charpentier, Le dit de l’enfant mort, Paris, Pierre Seghers, 1954, 35 pages.

Dans le dernier poème, Charpentier donne la clé de son recueil : « Au fond / c’est l’histoire d’un petit mort comme vous et moi / d’un petit mort bien ordinaire ».

Ce « petit mort bien ordinaire » est un être seul qui fuit tant bien que mal son malheur et qui rencontre de temps à autre un « naufragé » comme lui : « Cauchemar sur la route / la mort m’entoure de ses bras / […] /je suis perdu dans les herbes hautes/ […] / je crie ». Sa fuite éperdue ne semble mener nulle part : « A marché, pendant de longues journées, a traversé de vastes marécages, a fui, a dormi sous les arbres morts, a gardé son agonie, ses songeries, a fermé ses mains ses yeux ses bras ». Comme le titre et certains passages le suggèrent, il se pourrait bien que l’objet de cette fuite soit relié à l’enfance : « C’est le rêve d’un enfant que je porte dans ma main. […] où est l’enfant mort? Qui est cet enfant? Invention! Invention! Ne m’abandonne pas. Je me livre à eux. Je leur donne mon bateau. Mon âme est morte ce matin, bien loin, loin, sur la mer, doucement, sans fermer les yeux. » Certains passages font état d’une grande violence : « ils me défigurent/ ils m’enlèvent de toi / ils me frappent / ils me frappent / ils me frappent / ils m’entourent / ils me brûlent ». Compte tenu de tout cela, le petit poème cité au début de ce billet est pour le moins déconcertant.


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