Cette
semaine, je fais exception; je présente deux livres dont j’ai
corrigé la version texte sur Wikisource. Il s’agit de La première Canadienne
dans le Nord-Ouest (1883) et Un voyageur des pays d’en-haut (1890) de Georges Dugas.
Ce ne sont pas des écrits littéraires, loin de là, mais plutôt des biographies
assez sommaires sur deux pionniers de l’Ouest. Dans le premier, l’abbé Dugas
(il signe Dugast) raconte l’histoire de « Marie-Anne Gaboury, arrivée au
Nord-Ouest en 1806, et décédée à Saint-Boniface à l’âge de 96 ans ». Cette
femme, qui travaillait auparavant dans un presbytère, épouse Jean-Baptiste
Lajimonière, un voyageur du Nord-Ouest, et le suit dans ses nombreuses
pérégrinations au Manitoba et en Saskatchewan. Dans le second volume, Dugas
raconte la vie de Jean-Baptiste Charbonneau, un maçon né à Boucherville en
1795, et parti vers l’Ouest pour le compte de la Compagnie de la Baie d’Hudson en
1815. Ce sera l’occasion de raconter la vie des « voyageurs », depuis
leur départ de Lachine jusqu’au nord des provinces de l’Ouest, leur quotidien
souvent difficile, leurs exploits et leurs déconvenues.
L’auteur
s’interroge sur ce qui poussait tant des jeunes hommes à tout abandonner pour
cette vie difficile, semée d’embûches, parfois mortelles. : « La
seule explication possible de ce goût étrange qui faisait abandonner si
gaiement la vie civilisée pour la vie sauvage, était l’amour d’une liberté sans
contrôle. Il est bien vrai que le serviteur engagé aux compagnies marchandes
n’était pas complètement libre de ses mouvements : il devait à ses maîtres un
rude travail pendant plusieurs années ; mais les courses qu’il faisait à
travers les immenses plaines ; les horizons sans bornes qui se déroulaient
devant lui ; le ciel pur dont on jouit presque continuellement au Nord-Ouest ;
tout cela lui faisait oublier les liens de servitude qui le retenaient captif ;
il se croyait libre du moment qu’il était hors de la vue de ses maîtres, et
cela lui suffisait. »
Pour
ce qui est des femmes, elles étaient beaucoup plus rares, en fait Marie-Anne
Gaboury était une exception. Elle fut longtemps la seule blanche dans ces
contrées, si bien que les Autochtones faisaient des détours pour venir la voir.
Il lui arriva plus d’une fois de se retrouver seule, son mari étant parti en
expédition de chasse, et même d’enfanter, au milieu de nulle part, dans une
tente.
L’auteur
ne s’en cache pas, la biographie de ces deux personnages lui sert de prétexte pour
raconter l’histoire de l’Ouest entre 1800 et 1880. Ce qui ressort, ce sont les luttes impitoyables
que la compagnie d’Hudson et la compagnie du Nord-Ouest se faisaient pour
obtenir le monopole des fourrures jusqu’à ce qu’elles décident de fusionner en
1821.
Ce qu’on comprend aussi, ce sont les relations souvent difficiles entre
les Canadiens et les « natifs ». Même si Dugas n’a pas toujours une
haute opinion des autochtones, du moins essaie-t-il à l’occasion de mettre en
relief la légitimité de leurs frustrations :
« La manière perfide et
malhonnête dont les traités furent observés par les agents des sauvages, fut la
première cause des mécontentements qui amenèrent le massacre de la rivière
Saint-Pierre en 1862.
Tous les employés des différents offices s’entendaient
entre eux pour exploiter les Sioux et les irriter. Les spéculations les plus
véreuses étaient faites, par les agents, sur les terrains et sur les objets
destinés aux sauvages. Les spéculateurs ne s’inquiétaient nullement des
mécontentements qu’ils soulevaient, et continuaient leurs exactions. Les
pauvres sauvages qui voulaient formuler leurs plaintes, étaient traités avec
hauteur et rudesse ; on refusait d’entendre leurs demandes les plus légitimes,
et de redresser les abus les plus criants. Au vol les officiers du gouvernement
joignaient les scandales de l’immoralité la plus dégradante. Les femmes et les
filles des sauvages étaient violées sous les yeux de leurs maris et de leurs
parents.
En 1862, un agent ayant reçu $400,000, qui devaient être payés aux
sauvages, en vertu du traité, donna toute cette somme à différents traiteurs,
qui prétendaient avoir des créances contre les sauvages. Un autre agent garda
pour lui $55,000, en compensation de quelques déboursés qu’il avait été obligé
de faire pour obtenir l’assentiment d’un chef, lors d’un traité. Enfin la
destitution du chef sioux par les agents, sans l’assentiment de la tribu,
acheva d’exaspérer les esprits ; on n’attendait plus pour agir qu’une occasion
favorable, qui ne tarda pas à se présenter. »
Ce
sont deux livres très faciles qui nous aident à comprendre les romans qui ont comme
trame narrative l’histoire des pays d’en haut.
Lire
les livres sur Wikisource
Sur
Laurentiana, d’autres livres sur le Nord-Ouest
Le grand silence blanc de Louis Frédéric Rouquette
La bête errante de Louis-Frédéric Rouquette
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Légendes du Nord-Ouest de Georges Dugas
Les
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Nipsya de
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La forêt
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