Les
poèmes d’Empire state. Coca blues auraient été écrits entre 1963 et
1966. Louis Geoffroy étant né en 1947, on peut dire que ce sont les poèmes d’un
grand adolescent.
Selon
Geoffroy, son recueil comprend trois volets, en fait quatre puisque le premier en
contient deux.
Empire
state. Coca blues (1963) — Le premier vers donne le
ton « je me saoule à la banane » et l’effet de cette saoulerie est
exploréen : « et je bitube / et tibute / surtout dans des mots comme
dans un bloc / de tibume ». Le deuxième poème commence ainsi :
« j’ai lu quelque chose / sur le peyotl » et l’effet ici aussi est
surprenant : « au paradis terrestre de ton con / il n’y a plus de
soleil ». Au-delà du sexe et de la drogue, il y a New York et une certaine
conscience sociale : le procès qu’on a fait à Henry Miller, la mort de
Malcolm X.
Miss
Emma blues (1964) — En trois motifs : le jazz, Kerouac
et la nostalgie (le blues) d’un amour perdu. « le pianiste noir / ressemblait
à tes cheveux / et ses triolets be-bop en cascade / riaient comme tes dents / la
musique glissait / longue et légère / sur mon corps ».
Lamourlanimale
(1965-66) — Le premier poème s’intitule « L’obsession sexuelle ». Le
sexe est souvent violent et associé à la mort : « j’arrache l’écume
et me coule sur ton corps lave volcan satanique / jazz sur le sable sur un mont
de chair je me coule et te tue / d’un seul coup / pour dans le plaisir nu y
mourir aussi / que ton amour est sanguinolent de mon corps ! »
Livre-amour
(1966) — Un long poème d’amour, plein de bruits et de fureur : « toi
oh oui toi que j’aime seule drogue nécessaire à m’intoxiquer sans fin me
barbiturer me construire ». Ou encore l’érotisme comme moyen de briser
toutes les barrières, d’habiter pleinement le monde qui nous entoure :
« écarte tes jambes je veux aller jusqu’à
tes pensers de moi ou d’ailleurs
écarte tes jambes je veux t’enlever des épaules le fardeau brûlant de passés
ésotériques
écarte tes jambes je veux m’enfoncer en ta ville y lancer toutes les
projections esthétiques d’images de nous d’anticipations de nous
écarte tes jambes que je te remplace par mon sexe l’espace et le temps d’un
temps et d’un espace sensoriel te retrouver ensuite un peu plus enfoncé en toi
toi m’ayant absorbé un peu plus
et tes yeux pour dessiner sur tous les tableaux du monde leur utilité devant
nos yeux
et tes mains pour me retenir de mourir et ton amour pour me retenir de mourir
ET TON AMOUR POUR VIVRE »
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