12 juillet 2024

Ruts


Raoul Duguay,
Ruts, Montréal, Éditions Estérel, 1966, 90 p.

Le recueil est dédié à Denise.

Ce qui retient d’abord l’attention, c’est la disposition des vers, souvent en escalier. En outre, ile s’enchaînent souvent par enjambements et même, parfois, par la coupe d’un mot sans utiliser de tirets. Autre singularité de la poésie de Ruts : Duguay crée un lien syntaxique entre les strophes d’un même poème.

  

Dernière particularité qu’on perçoit mieux à l’oral : il répète certaines syllabes comme s’il voulait rendre aux mots leur musicalité ou encore imiter le rythme syncopé du Bebop (rappel : Duguay est musicien). Le recueil est peut-être davantage influencé par le formalisme que par la contre-culture.


 


L’amour et l’érotisme, le plus souvent de concert, parcourent tout le recueil. Duguay n’étant pas Vanier ou Geoffroy, l’amour physique est aussi tendresse amoureuse. Parfois, il se permet l’humour, comme dans le poème « Entre deux seins ».

Son recueil comprend cinq parties : résurrection du corps, de l’éros à la mort, journelles, reliques, désame du pays etChacune décline différemment le thème amoureux en passant de l’amour fou à l’amour-femme-pays, en passant par la recherche, les tâtonnements, la découverte, la déception, la peine, la libération amoureuse.

En 1967, Raoul Duguay et Walter Boudreau fondent L’Infonie, un groupe hors-norme qui marie plusieurs arts (musique, poésie, danse…) et dont les spectacles prennent la forme du happening. Sa participation très voyante à la Nuit de la poésie, en 1970, et le succès de la Bittt à Tibi ont pu laisser la fausse impression qu’il n’était qu’un amuseur public. Il suffit de lire ses poèmes pour prendre la mesure du personnage. 

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