Dans l’ombre on sent flotter les délices du soir;
Comme un lustre doré la lune au loin se lève:
Ma mie, allons tous deux, puisque la vie est brève,
Boire l’éternité du divin ostensoir.
Vois les flocons de neige; en tombant, ils se fondent,
Et leurs cristaux d’argent sont si tôt disparus!
Oh ! songe, ma chérie, aux chemins parcourus,
Oh ! si courts à côté du sommeil de la tombe.
Noël c’est jour de joie ou jour de volupté.
Pour les uns c’est la crèche où leur Dieu vient de naître;
Les autres, dans le bal et l’ivresse des fêtes,
Vont oublier leur âme et leur cœur agité.
Mais laissons-les, dans leur folie, à l’entraînante
Et langoureuse valse enchaîner leur soupir.
Dieu, c’est une pensée et Satan un désir:
Le désir est fatal, la pensée est vivante.
Et nous, en cette nuit d’effarement mortel,
Notre bonheur sera dans le temple de pierre:
Nous aurons pour orchestre un gros orgue en prière,
Et nous verrons danser les cierges de l’autel.
(25 décembre 1915.)
(Jean B. Gagnon, Coups de scalpel, p. 59-60
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