Jean-Paul Martino, Objets de la nuit, Montréal, Quartz, 1959, n.p. [40 p.]
Le texte commence sur la page de couverture et se poursuit sur la quatrième de couverture. Les marques habituelles de l’édition apparaissent sur un petit carton au verso de la quatrième.
On ne reprendra pas ici ce qui a déjà été dit sur Martino et ses influences dans le compte-rendu que j’ai fait d’Osmonde en 2015. Les deux recueils sont assez semblables.
Les textes d’Objets de la nuit vont du très lisible au plus obscur surréalisme, oscillent entre le récit poétique et le poème. Le premier texte pourrait être considéré comme un poème liminaire. On y lit à peu près le parcours de Martino dans son recueil, du passage par « la nuit humaine peuplée de débris informel » jusqu’à « l’équilibre d’incohérences abstractions ». Le second poème est un pied-de-nez aux Dieux et peut-être aux religions trop occupées à débattre de l’esprit du mal.
Suit une longue nouvelle divisée en neuf courts chapitres ou parties. Ceux-ci sont numérotés sauf le premier. Le troisième reçoit un titre en plus du numéro. Le terme « nouvelle » n’est peut-être pas approprié, on pourrait parler de prose poétique, même si certains passages donnent dans le narratif le plus élémentaire. Au début on dirait un récit du terroir. Le narrateur évoque le retour à la terre des années 1920 au nord du Québec, en Abitibi et au Témiscamingue. On croit comprendre que ce lieu s’appelle « Kliklantin ». Et que raconte cette prose poétique? La vie d’un enfant qui se retrouve dans un pays de colonisation : il y a la grandeur de la nature, mais ce que l’enfant retient surtout, ce sont des scènes d’horreur : des animaux qui s’entredévorent, l’attaque d’un ours contre leur maison, un incendie de forêt, la mort d’un vieil homme, la vie des colons qu’il compare à des « naufragés […] à l’intérieur des terres ».
Dans les poèmes qui suivent, Martino va décrire un monde qui se décompose devant nous. « L’enfant sans univers » va s’unir aux « adolescents manchots », en « marchant sur la nuit de l’enchère luciférienne », avant de plonger dans les « émiettements de rêves dans le casse-noisettes ». À partir du milieu du recueil, plusieurs poèmes sont séparés par des signes qui ressemblent aux caractères chinois. Ou à des signes cabalistiques. Le récit se perd, le sens se déconstruit, on entre dans des textes de plus en plus surréalistes. L’écriture s’accorde au contenu, donc plonge dans l’indicible. « La jumelle sur l’échasse de ses cours / Greffe aux glaciers naviguant libres ». « Les châteaux d’angora chôment dans l’enclos aux apparitions ». Malgré tout, on repère ici et là des passages où l’on reconnaît des thèmes (l’amitié, les relations amoureuses, la nature). Le recueil se termine par un poème intitulé « Ballade des Kliklantin » qui donne complètement dans le non-sens. « Le cœur aux joutes déguste ses maigres symboles ».
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