Quand la neige dans les rues
Crie aux bottes des passants
Et qu'au ciel de sombres nues
S'entre-choquent sous les vents ;
Quand les champs, quand la rivière
S'engourdissent dans le froid
Et qu'une blanche poussière
Tourbillonne autour du toit,
Le cœur, dans ce vide extrême,
Recherche l'intimité,
Il partage avec qui l'aime
Le vieux fond de sa gaité.
L'hiver en vain nous pourchasse,
Il nous vaut d'heureux moments.
Au dehors tout est de glace :
c'est l'heure aux épanchements!
Décembre est parti. — Qui sonne ?
—Dix-huit cent soixante-et-neuf...
Que de baisers l'on se donne!
Que de souhaits à l’an neuf!
Du haut en bas de l'échelle
L'espoir circule gaiement :
Car notre part la plus belle
Est toujours ce qu'on attend.
De quels transports d'allégresse
Resplendit chaque foyer!
On croirait que la tristesse
N'a jamais pu l'habiter!
Puisqu'on peut, folâtre ou sage,
Serrer la main du bonheur.
Livrons-nous sur son passage
A la joie avec ardeur!
Point de fête couronnée
Sans les vers qu'on va chantant-
J'apporte la bonne année,
La Chanson du Jour de l'An.
(Benjamin Sulte, Les Laurentiennes, Montréal, Eusèbe Senécal, 1870, p. 145-146)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire