Marie Laberge (Marie-Paule Goulet), D’un cri… à l’autre, Québec, Éd.de l’aile, 1966, 65 p. (Illustrations de l’autrice)
Ce recueil s’inscrit dans le prolongement du précédent, Halte.
« Laissez-moi naître de moi / Du feu trop vif qui me dévore ». Il y a une telle urgence de vivre chez Marie Laberge! Il lui faut combler le moindre espace comme si le vide l’aspirait! « Où j’arrête / S’ouvre l’abîme ». « Je veux nourrir avec mon sang / Le vide qui m’obsède ». Impensable pour elle de faire du surplace : « L’ennemi c’est le froid // C’est le refus d’aller plus loin / d’enjamber son corps consentir à son envol ». L’amour ouvre cette voie de liberté tant désirée : « Il n’y a plus de froid / Il n’y a plus de durs hivers / dans mon cœur réchauffé ». Ou encore : « Je t’appartiens comme le printemps jaillit / à force de désir / comme à la marche sauvage / de mes pas à ton nom / et ton visage aux traits du mien ». Loin de contraindre, la relation amoureuse est source d’épanouissement : « Pour vivre aimer / et devenir ce que nous sommes ». Au terme du recueil, on comprend que la crainte de l’autrice, c’est d’être broyée par les modèles que la société impose. Chaque individu doit (pouvoir) trouver sa propre vérité :
Le seul bien qu'il nous reste
Reconnaître au milieu du rire
ce sanglot qui s'étouffe
Réapprendre chaque jour à marcher
et la parole de lumière
du premier jour de l'homme
Que naissent les choses de leur âme
Que chante une joie sereine au cœur du silence
Sur le néant que se fasse le vide.
Je veux apprendre la vérité d'être
dépouillée jusqu'à l'os
Grandir de l'Éternité qui me blesse à vif
à la limite de l'Amour
Je nie la mort, cette poignée de terre à manger
entre les deux rives.
Marie G. Laberge sur Laurentiana
Halte
D’un cri à l’autre
Aux mouvances du temps
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