Prendergast est né à Québec en 1858. Il publie Soir d’automne à l’âge de 23 ans alors qu’il étudie le droit. Après ses études, il déménage au Manitoba où il se mariera et exercera des fonctions importantes. Il est décédé en 1945 à Winnipeg. Soir d’automne est son seul livre.
Le recueil ne contient qu’un long poème, conçu comme un dialogue entre le Poète et sa Muse.
Par un beau soir d’automne, le poète se sent très inspiré par la nature ambiante : « Je sens que l'âme est plus légère / Devant cette nature où rien n'est tourmenté ; / Et les étoiles d'or gravitant dans leur sphère, / Me semblent doucement s'approcher de la terre / Et sourire à l'humanité. »
Sa Muse refroidit ses ardeurs, lui demandant de porter plus loin son regard, de choisir des sources d’inspiration plus élevées : « Mais cherche la Beauté pure, vraie, idéale. / Nous n'en voyons ici qu'un reflet fugitif ». Elle lui rappelle que notre terre est bien imparfaite : « Aujourd'hui de tous lieux, de la nature immense / S'élève un cri de haine, une sombre rumeur ; / Et ceux qui croient pourtant, pâles, sans espérance, / Cachés sous le manteau de leur triste prudence / Craignent de dévoiler les pensers de leur cœur. »
Le Poète tombe vite d’accord avec sa Muse. « Oui, je sens sur mon front une céleste empreinte; / Je voudrais que mon cœur respirât sans contrainte / Dans l'amour et la liberté. / […] Quelque chose m'appelle au-delà de la terre. »
La Muse lui avoue que son nom est la Grâce. « J'ai dit quel est mon nom : je m'appelle la Grâce. / Je console un moment, puis je remonte à Dieu. » Il faut donc comprendre que c’est Dieu (via sa messagère) qui inspire les poètes qui savent élever leur poésie au-dessus des contingences humaines : « Réveille-toi, Lyre ! le clairon sonne ! / Les archanges chantent en chœur ! / Des quatre coins la voix court et résonne, / Et la terre créée entonne / Le grand hymne du Créateur. »
Au fond, ce poème est une réflexion sur la poésie, sur l’inspiration poétique. Ce qu’on en comprend, c’est qu’il faut éviter la facilité, viser la Beauté et l’Idéal, une certaine transcendance. Faut-il y voir une critique du Romantisme et de son lyrisme parfois facile ?
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