Détertoc (René de Cotret), L’amour ne meurt pas, Montréal, s.é., 1930, 284 p.
Elphège Adalbert René de Cotret (1861-1937) était médecin. Il a écrit trois romans d’amour à un âge assez avancé : L’amour ne meurt pas (1930), Les voies de l’amour (1931) et Sœur ou fiancée (1932).
On est en 1930. Le narrateur rencontre un ancien confrère de classe, Elphège R., sur la plage d’Old Orchard qui lui raconte son histoire.
L’action débute en 1884. Elphège fréquente l’Université Laval, qui a ouvert une succursale au Château de Ramezay à Montréal. Les étudiants profitent de l’effervescence des alentours pendant leurs périodes libres. Ce sont surtout les jeunes filles qui titillent leur imagination. Et un jour, Elphège vit un véritable coup de foudre pour Rose-Alinda, une jeune fille dont son meilleur copain lui avait parlé. « Je l ’aimais déjà pour toute la vie, à ne voir plus qu’elle dans ma vie. Et depuis mon amour ne s’est jamais démenti. Depuis quarante-cinq ans de ce jour, je n’ai jamais vu qu’elle, je n’ai jamais aimé qu’elle. Sa vie a été ma vie; ses désirs ont été mes désirs; ses pensées, mes pensées. »
Il poursuit sa médecine tout en menant une cour suivie et passionnée à sa Rose-Alinda. Il doit interrompre ses études quand son père décède. Il lui manque une année et il lui faut travailler. La sœur de sa bien-aimée le convainc de s’installer comme médecin à Lowell Maine où elle vit. Aux États-Unis, à cette époque, il n’y a aucun contrôle sur la pratique de la médecine.
À Lowell, il s’ennuie à mourir et la clientèle se fait rare. On lui trouve un petit emploi dans le journal local et tranquillement il se fait une clientèle, même si ses concurrents font courir le bruit qu’il n’a pas fini ses études, ce qui est le cas de la plupart des médecins, semble-t-il. Après un an à Lowell, il rentre à Montréal pour terminer son cours en médecine. Année encore difficile où il est séparé de sa « Rose ». Finalement, son année terminée, il s’établit à Saint-Césaire. Une autre année s’écoule avant qu’il épouse Rose-Alinda. Le couple déménage à Montréal. Les 41 années de mariage qui suivent ne sont assombries que par la mort de quatre enfants en bas âge.
Le récit baigne dans une sentimentalité et un romantisme exacerbés d’une autre époque. Il prend la forme d’une longue plainte amoureuse pour la bien-aimée décédée après 41 ans de mariage. Un véritable mausolée pour la défunte. L’action, très mince, est vue en rétrospective, sauf quand l’auteur reproduit d’anciennes lettres que les amoureux s’échangeaient. L’histoire semble vraie. La chronologie est précise et l’auteur fait référence au journal qu’il a tenu pendant cette période. On peut retirer quelques aspects intéressants sur la pratique de la médecine à la fin du XIXe siècle.
Extrait
Nous arrivons enfin à Montréal d’où
Rose repart immédiatement pour Ste-Martine, et nous voilà de nouveau séparés,
mais avec l’espérance de nous revoir bientôt dans la campagne qui offre tant de
charmes à l’amitié et à l’amour. Cet espoir de répondre bientôt à l’invitation
de l’aimable sœur de ma fiancée apaise plus ou moins l’ennui qui me reprend de
plus belle. J’ai une hâte fébrile d’aller, dans la petite maison hospitalière,
goûter de nouveau les douceurs de l’amitié la plus franche et de revoir, avec
ma Rose bien-aimée, les sentiers ombragés et toutes les stations du chemin de l’amour
pour y retrouver partout les souvenirs que nous n’avons cessé d’y attacher. Il
sera si bon de parcourir ensemble ces lieux que nous avons tant aimés et que
nous désirions revoir depuis longtemps; il sera si bon de transformer de
nouveau la salle à manger en atelier de peinture et d’y travailler au côté de
ma Rose, qui guide autant mon pinceau sur la toile que mon imagi nation dans
mes compositions littéraires; il sera si bon d’accompagner ma Rose aux pieds
des autels en face de la Vierge Immaculée pour demander à cette bonne mère
toutes les grâces dont nous avons un si grand besoin. (p. 219)
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