Louis Dantin avait fait une
critique plutôt positive de Comme l’oiseau, le recueil précédent de
l’autrice. Cette fois-ci, dans la préface, il est très élogieux sur Tout
n’est pas dit, ce qui équivaut pour l’époque à un imprimatur du
monde littéraire : « Mlle Bernier a trouvé pour ce livre de ces mots
aux vibrations neuves. Ses poésies présentent des teintes, des sons, des
reflets d’âme qu’elle-même a conçus ; des émotions qui, pour être largement
humaines, ont pris l’empreinte particulière de son cœur, et c’est pourquoi ces
rimes, au lieu d’être purement des jeux de syllabes, sont vraiment des voix et
des plaintes, atteignent le caractère et la sincérité de l’art. […] Cette
poésie, au-dessous des surfaces, cherche ce qui dans l’âme est essentiel et
profond. Si elle y trouve surtout l’illusion déçue, l’amour repoussé,
l’espérance haletante et la douleur maîtresse, dédaignant les fades artifices,
elle décrit franchement ce qu’elle voit et ce qu’elle éprouve. Vision attristée
qui peut-être n’est pas toute la vie, mais qui en reste l’élément le plus vrai
et le plus lyrique. C’est de l’art palpitant que d’en saisir la beauté cruelle. »
Le recueil est ainsi
découpé :
II. OÙ L’AMOUR M’A FAIT MAL
III. LES SOUVENIRS QUI FONT PLEURER AVEC LEURS MASQUES DÉCHIRÉS
IV. VOUS QUI PORTIEZ LE DEUIL DES AUTRES
V. VOUS QUI N’OSIEZ JAMAIS DOUTER
VI. VOUS QU’ON SOUFFLETAIT A LA JOUE
VII. PRIEZ UN PEU, SI VOUS CROYEZ
Jovette-Alice Bernier a remporté le prix du lieutenant-gouverneur en 1930 avec cette œuvre. On remarque que les poèmes sont plus longs, plus travaillés que dans les recueils precédents. L’amour est encore et toujours le thème qui traverse le recueil.
En guise d’extrait, je propose un poème dans lequel perce une certaine révolte et un refus de s’en remettre à la résignation très judéo-chrétienne de son époque.
POURQUOI TOUS CES FESTINS ?
Pourquoi tous ces festins où nous sommes des gueux,
Des gueux qui n’ont le droit de manger que des yeux,
Et qui s’en vont pâlir de désir près des tables
Où la lèvre qui boit n’a pas soif véritable.
Tu nous as fait, Seigneur, de la terre, un palais
Où nous serons toujours de serviles valets;
Nous l’habitons comme on habite chez un hôte,
Et si l’Amour nous vient, bien vite tu nous l’ôtes.
Nous sommes toujours seuls, nous ne possédons rien
Et n’avons que l’espoir pour attendre demain.
La vérité se cache au fond de toutes choses;
La beauté nous séduit pour nous rendre moroses.
On s’élance vers tout, on ne peut rien saisir,
Et c’est dans ce donjon qu’il va falloir mourir,
Mourir du spasme lent de notre âme anxieuse,
Les yeux fous de désirs et les mains miséreuses.
J'aimerais savoir s'il s'agit de la même personne qui a écrit la série télévisée: Je vous ai tant aimé est une série télévisée québécoise en 31 épisodes de 25 minutes en noir et blanc, diffusée d'abord en quatre parties du 18 mars au 8 avril 1958 dans la série Quatuor, puis sous son propre titre en 27 épisodes du 21 octobre 19581 au 16 juin 1959 à la Télévision de Radio-Canada.
RépondreEffacerLe titre a aussi été utilisé à la radio de Radio-Canada la même année.
• Scénarisation : Jovette Bernier et Simon L'Anglais
• Réalisation : Maurice Leroux et Claude Désorcy
• Société de production : Société Radio-Canada
Source Google
Madame Gobeil,
RépondreEffacerOui c’est elle. Cette femme a eu toute une carrière. Comme on dit, elle a ouvert (forcé) bien des portes à la radio et à la télévision. C’est Jeanette Bertrand avant Jeanette Bertrand. Et sa poésie mérite mieux que l’oubli.