Le recueil contient quatre récits.
LIONEL DUVERNOY
Lionel Duvernoy est un savant et pas n’importe lequel : « […] il
était l’exception sur le cent collectif ; sur cent individus quatre-vingt-dix-neuf
sont des niais, donc il était l’homme à plaindre, celui qui pense, qui voit,
qui sent, qui souffre ; qui souffre de l’isolement de son génie [… ] » Ayant
étudié toutes les sciences, s’étant fait artiste, ne trouvant nulle part un
idéal qui le satisfasse, Duvernoy décide de parcourir l’univers. Son voyage se termine sur un navire qui vogue
vers La Malbaie quand il rencontre une jeune fille, une pianiste qui vient
chercher son âme : « elle mit sa main dans la sienne tandis qu’une
voie de l’âme partant de son cœur à ses lèvres murmurait, C’est lui, à la
minute où Lionel s’écriait : C’est elle !!! » Bizarrement, cette histoire
se termine par une apologie du Canada « sol si fertile, où fructifie la
bonne semence » et de la France « foyer de lumières éclairant
l’univers tout entier ».
UNE LETTRE ANONYME
Le récit est un échange de lettres entre trois personnages. Gaston P.,
récemment revenu d’un voyage en Égypte, est un célibataire invétéré que sa mère
veut marier. Il envoie des lettres à son confident et ami Edgar. Il lui
raconte qu’une inconnue lui écrit des lettres anonymes. Lui, grand amateur de
mystère, il tombe amoureux de cette inconnue. Celle-ci refuse de révéler son
identité. À force d’arguments, elle finit par consentir à le recevoir. Et c’est
tout simplement une jeune fille que sa mère voulait lui présenter et qu’il
avait dédaignée.
NOÉMIE
Georges de Ferrares garde un
secret : son père, pour sauver sa famille de la ruine, l’a forcé à épouser
la fille de 14 ans d’un banquier. Il était convenu que Georges et sa jeune
épouse partageraient leur vie quand la
jeune fille aurait terminé ses études. Mais rapidement après la mort de son
père, Georges la libère de son engagement. Plus encore, il change de nom et
part à l’aventure. Et voilà que sept ans plus tard, il tombe amoureux d’une
jeune fille. Quand elle lui avoue qu’elle a déjà été mariée, les deux se
reconnaissent. (Lire l’extrait)
LE GRAND CŒUR DE L’OUVRIER
CANADIEN
« C’est une vraie nuit de Noël, à vingt-cinq degrés au-dessous de
zéro. » Tout serait parfait pour cette jeune mère de famille si ce n’était
qu’une voisine, abandonnée par son mari, se mourrait, laissant derrière elle un
poupon, ce qui décuplait sa douleur. Sans hésiter, le mari accepte d’adopter le
poupon. « Eh bien, son enfant, si c’est ça qui t’chavire vas le chercher
c’t’enfant, ce sera tes étrennes. Je travaillerai un peu plus tard et il y aura
du pain pour tout l’monde. »
Quatre histoires sentimentales dont il y a peu à dire sinon qu’elles
respectent le code du genre : amour contrarié, amour vainqueur. Les jeunes
filles sont toujours belles et les jeunes hommes ne sont que des sauvages qui
se laissent apprivoiser. On déplore tout de même la ponctuation très
approximative et un texte plein de coquilles.
Extrait
— Noémie, votre douleur m’enlève tout énergie. Chère enfant, donnez-moi
l’exemple du courage. Racontez-moi vos chagrins puisque j’ai la consolation
d’être près de vous. Mais lorsque vous connaîtrez mon passé, lorsque vous
m’aurez ordonné de vous quitter, rappelez-vous que mon cœur vous appartenait
tout entier ; que jamais aucune femme ne pourra vous y remplacer, que pour vous
savoir à moi j’aurais affronté tous les dangers, souffert toutes les misères et
me serais senti heureux de pouvoir à ce prix conserver votre amour. Si un jour
vous m’avez pardonné et vous souvenez du malheureux qui vous aimait tant,
rappelez-vous que jamais il n’a pu vous oublier.
— Georges, fit la jeune femme en étouffant ses sanglots, ah ! je ne suis
pas digne d’un tel amour. Tandis que ma conscience m’ordonnait de vous fuir, de
vous éviter les tourments de mon âme, je ne vous ai rien dit. Georges, me
pardonnerez-vous jamais de vous avoir trompé ? depuis sept ans je suis mariée
au baron de Maldigny, le nom que je porte n’est pas le mien.
Un cri échappa des lèvres du marquis. Était-il possible, n’était-ce point
un songe, devait-il s’éveiller pour éprouver toutes les tortures de la réalité
? Noémie, la femme du baron de Maldigny ! mais le baron de Maldigny c’était lui
! Noémie était sa femme ; fou de joie il saisit la jeune fille dans ses bras et
la pressant avec délire sur son cœur il s’écria :
— Ah ! répétez-moi ce que vous venez de dire. Est-il bien vrai, ai-je toute
ma raison, ne suis-je pas le jouet d’un rêve.
— Laissez-moi, laissez-moi, dit-elle cherchant à se dégager de son
étreinte. Vous ne m’avez donc pas comprise. Je suis la femme du baron de
Maldigny.
— Noémie, je suis cet époux perfide qui vous abandonnait lâchement il y a
sept ans. Le nom que je porte n’a pas toujours été mien. Hélas ! insensé, je
n’avais pas compris alors quel trésor l’on m’avait confié, et je m’éloignai
sans songer qu’un jour pour être aimé de vous je sacrifierais volontiers tout
au monde.
Et s’agenouillant devant elle.
— Noémie, murmura-t-il, pourrez-vous jamais me pardonner.
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