L’écriture des premiers recueils de Michel
Garneau s’étalent dans le temps. Les poèmes qui composent Moments auraient été
écrits entre 1960 et 1973. Aussi, ce recueil apparaît un peu comme un bilan au
milieu de la trentaine. Michel Beaulieu ne cache à peu près rien et sa poésie
est toute simple, si bien qu’on a l’impression de vivre en direct les
confidences d’un copain qui raconte ses hauts et ses bas. Ce recueil
suit un fil chronologique, est presque narratif. Je vais résumer grossièrement.
On a droit à quelques chapitres sur
son enfance, tel ce cauchemar récurrent qu’il faisait à 12 ans : « et
je suis loin de mon assiette / ce que je fais de
mieux depuis des mois / c'est un rêve où le malheur est clair / comme de l'eau
de rocher / où je marche comme pour le fuir vraiment / tenant par la main le
bonheur qui a douze ans / et je m'éveille tout le temps dans le repli / dans le
recul et je n'ai plus le temps de sauter / dans les feuilles et c'est cette
fois l'automne / sans que j'y sois ».
On se retrouve quelques années plus tard
pour assister à une relation amoureuse qui ne va nulle part : « parce
qu'en 1960 à ottawa je ne pensais / qu'à la mort me retenais me cantonnais / sans
cesse rêvassant aux culs des filles / dans la soûlerie matutinale parfaitement
meurtri de malamour marié / père et malheureux comme un fonctionnaire / certain
que l'avenir n'était qu'effilochement / coupant comme le tain d'un miroir pété ».
La rupture amoureuse s’ensuit et le
deuil est vécu à Paris. Ce qui ressort, c’est le fort sentiment de
culpabilité : « et moi je rêve en écrivant / à une petite fille de
dix-sept ans / que j'ai malmenée / et je suis un bel écœurant / un homme
ordinaire / un bel écœurant ordinaire » Et encore : « ma petite
fille me hante / comme un mouchoir de départ derrière mes yeux / comme une
fougère pas grandie / qui attend une chanson d'eau ».
Il faudra un retour à Montréal pour
voir un homme qui se reconstruit : « il n'y a que l'amour qui corrode
la douleur / avec ses belles grandes dents sensuelles / l'amour à pleines dents
plein la bouche / mieux que bières et firmaments d'acide / mieux que ruts et
sexi-farces / l'amour avec ses abeilles de présence / dans la peau tout entière
de l'être ».
Inutile d’en rajouter, le
texte parle de lui-même. Allez le lire sur Internet archives.
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