Beaulieu Michel et Nicole Brossard et Micheline de Jordy, Trois, Montréal, Les presses de l’ageum, 1965, 95 p. (Le recueil a été imprimé sur les « presses des éditions Orphée ».)
Beaulieu et Brossard étaient
deux étudiants impliqués dans le journal Le quartier latin à
l’Université de Montréal. Beaulieu avait déjà publié ses deux premiers recueils.
Certains poèmes dans ce recueil sont quand même antérieurs à ceux des recueils
précédents. Quant à Brossard, ce sont ses premiers poèmes. Dans la section
« A paraitre », on annonce Mordre en sa chair qui sera publié
par les éditions Estérel en 1966. Quant à
Micheline de Jordy, je n’ai aucune idée de qui elle est.
Michel Beaulieu : Ballades et satires
Le thème amoureux est
dominant. Rien de très original dans ces vers, rien qui annonce le poète qu’il
deviendra. Beaucoup de poèmes se veulent « musicaux ». Vous
reconnaissez Beaulieu dans ce quatrain ? « Elle est belle / Dans la nuit /
La pucelle / Dans le puits ». Oui, certains poèmes sont rimés. De toute
évidence, ses premiers poèmes.
Nicole Brossard : Aube à la saison
« Sur fil de lumière / je
suspends la poésie / comme guirlandes ». Ainsi commence la section de
Brossard. Comme on le voit, la poésie elle-même est objet d’écriture, mais avec
des référents que Brossard ne reprendrait probablement pas : en plus de « guirlandes »,
la poésie est associée à « orbite de mes horizons »,
« éboulis », « arc-en-ciel », « étang », « vase »,
« algues » et « bouées ». On y rencontre la solitude et les
revers, mais on y lit aussi toute l’énergie d’une certaine génération, désireuse
de se libérer, de mordre dans la vie, de s’arrimer au « brusque virage
d’un nouvel âge » : « peu à peu notre œil s’est poli comme
caillou / pour apprendre la beauté / nous avons miroité des jeux pleins / de
paupières et de regards / au nom des aubes nouvelles / nos mains circulent des
miroirs / à travers l’ébène des nuits ». La poésie est très lyrique, souvent
de belle venue, avec beaucoup de références à la nature.
Micheline de Jordy :
Anneaux et fêtes
Comme le titre l’indique bien,
il y a quelque chose de festif dans cette poésie, ne serait-ce l’omniprésence
des couleurs. La célébration passe aussi par le regard sur la nature. Ainsi
dans son poème « L’été » : « Mon cœur d’argile / exposé /
rouge sur feuille verte / salure laquée / dans un soleil d’huile ». Dans
le titre, il y a aussi le mot « anneau », tout ce qui contraint :
« Il a marché dans le gris de ton œil / tout le noir des soleils en guerre
/ pour me tuer ». Le ver est plus hachuré chez de Jordy que chez Beaulieu
ou Brassard. J’y vois l’influence d’Anne Hébert.
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