Adolphe-Basile Routhier, Les échos, Montréal, Typographie P.-G. Delisle, 1882, 287 pages.
Le recueil contient trois
parties : Échos évangéliques, Échos patriotiques et Échos
domestiques. Une longue introduction de 12 pages, intitulée « La
poétique chrétienne » coiffe le tout. « … la poésie n’est qu’une très
imparfaite manifestation des relations mystérieuses qui existent entre l’âme
humaine et son Créateur. » Et pour justifier les deuxième et troisième
parties de son recueil, il ajoute : « Mais parmi les créations de
Dieu, il en est deux qui occupent une large place dans le cœur de l'homme, la
Famille et la Patrie, et nous avons voulu leur donner aussi une place dans nos
vers. En vérité, notre œuvre pourrait se résumer dans ces trois mots : Dieu,
Patrie, Famille, trois grands amours qui remplissent toute la vie du chrétien. »
Échos évangéliques,
Dans ces poèmes, Routhier reprend
différents passages bibliques : la naissance de Jésus à Bethleem, la
tentation dans le désert, la résurrection de Lazare, la réception des tables de
la loi sur le mont Thabor, la crucifixion, la résurrection du Christ.
« C'est lui que le poète et
toute âme choisie / Doivent chercher toujours dans leur amour du Beau ; / Car
en lui toute grande et sainte poésie / A véritablement sa source et son
flambeau. »
« La nature et les cieux,
tout me parle du Verbe, / Et tout ce que j'admire et tout ce que je vois. / La
mer et les grands bois, l'étoile et le brin d'herbe ; / Tout bruit harmonieux
me rappelle sa voix. »
Échos patriotiques
Cette partie n’est pas si
différente de la précédente : la plupart des sujets choisis permettent à
l’auteur de glorifier la religion. La découverte de la Nouvelle-France a
lieu parce que Dieu, irrité de constater toutes les hérésies en Europe,
« se dit alors (ô sagesse profonde !) : / J'irai dresser ma tente aux
bords d'un nouveau monde ; / J'y ferai naître un peuple, un peuple de mon
choix ». Routhier rend hommage à tous les religieux qui se sont offerts en
martyr pour propager leur foi : « Étreignant dans leurs mains la
croix, arme terrible, / Ils accouraient, remplis de la force invincible / Que
puisent les martyrs dans l'amour et la foi. » Dans « 1867 ». Routhier
célèbre la confédération : « L'Amérique a vieilli d'un siècle, et la
conquête / Qui devait de ma race entrouvrir le tombeau, / Selon les pronostics
d'une haine inquiète, / Paraît être plutôt devenue un berceau ! » L’hymne national,
« Ô Canada », dont il est l’auteur, suit ce poème. Je le reproduis au
complet à la fin de ce commentaire.
Échos domestiques
Les principaux sujets : son
enfance, la mort en bas-âge d’un frère et d’une sœur, le premier de l’an, son
père (« Bon père, bon époux et citoyen parfait ») et sa mère, le
décès de ses trois enfants, différents poèmes de circonstances adressés à des
ami.e.s, des lieux (Pointe-au-pic, la Beauce, Rome, La Malbaie, la Provence), le
sentiment religieux, son alma mater, etc. La nostalgie, un certain pessimisme,
un peu de raillerie à l’égard des femmes et une rigidité morale teintent ces
poèmes : « Le livre de la vie est vraiment monotone ; / Le nombre des
feuillets en est seul varié. / La préface promet beaucoup plus qu'il ne donne, /
Et le bonheur en est le chapitre oublié ! »
CHANT NATIONAL (Musique de M. Calixa Lavallée)
Ô Canada ! terre de nos aïeux,
Ton front est ceint de fleurons glorieux.
Car ton bras sait porter l'épée,
Il sait porter la croix ;
Ton histoire est une épopée
Des plus brillants exploits ;
Et ta valeur de foi trempée,
Protégera nos foyers et nos droits.
Sous l'œil de Dieu, près du fleuve géant,
Le Canadien grandit en espérant.
Il est né d'une race fière ;
Béni fut son berceau.
Le ciel a marqué sa carrière
Dans ce monde nouveau :
Toujours guidé par sa lumière,
Il gardera l'honneur de son drapeau.
De son patron, précurseur du vrai Dieu,
Il porte au front l'auréole de feu.
Ennemi de la tyrannie,
Mais plein de loyauté,
Il sait garder dans l'harmonie
Sa fière liberté, Et par l'effort de son génie
Sur notre sol asseoir la vérité.
Amour sacré du trône et de l'autel,
Remplis nos cœurs de ton souffle immortel.
Parmi les races étrangères
Notre guide est la loi ;
Sachons être un peuple de frères
Sous le joug de la Foi ;
Et répétons comme nos pères
Le cri vainqueur : Pour le Christ et le Roi !
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