Vous êtes la force du monde ;
Tout empire par vous se fonde ;
Sans vous, en vain, le canon gronde,
Et les conquérants sont déçus.
Pourtant, en venant dans ce monde,
Vous êtes faible, O doux Jésus !
Vous êtes le maître du monde.
L’univers tient comme un peu d’onde
Dans le creux de votre main blonde ;
A vous les rois et les Crésus.
Pourtant, en venant en ce monde,
Vous n’avez rien, Petit Jésus !
C’est vous qui réchauffez le monde.
Les soleils qu’aucun œil ne sonde
Dispersent la flamme féconde,
Et c’est vous qui soufflez dessus.
Pourtant, en venant en ce monde
Vous avez froid, petit Jésus !
Vous venez pour sauver le monde.
En vain Lucifer fait sa ronde :
Au fond de la voûte profonde
Les cieux soudain sont aperçus.
Vous venez pour sauver le monde
Et l’on vous hait, petit Jésus.
Vous donnez l’existence au monde.
Sur notre ingratitude immonde
Le temps s'épanche et nous inonde
Avec d’autres bienfaits reçus.
Vous donnez l’existence au monde,
Et vous mourrez, O bon Jésus !
(Clovis Duval, Les fleurs tardives, p. 82-83)
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