Jean Léonard, Naïade, Chez l'auteur, Montréal, 1948, n.p. [127 p.] (Typographie d’Arthur Gladu.)
« Jean Léonard et le typographe Arthur Gladu ont mis deux années et demie à la mise en page de ce volume afin de s'assurer d'une oeuvre hautement artistique. » (Communiqué de presse)
Le livre a été réalisé à l'École des arts graphiques et tiré à 300 exemplaires. D’ailleurs, deux des 51 poèmes ont d’abord été publiés dans les Ateliers d'art graphiques en 1947. C’est un très grand format (22x29 cm).
« Jean Léonard était actif dans le réseau de Pellan et dans celui de l'École des arts graphiques proprement dit. D'abord élève de Pellan aux Beaux-arts, il avait participé à quelques reprises avec ce dernier, en compagnie de Léon Bellefleur, Mimi Parent et Jean Benoît, à des séances de « cadavres exquis ». (Sébastien Dulude, Esthétique de la typographie)
Si on soustrait la recherche formelle, ce recueil a bien peu à nous offrir. Pour bien faire, il faudrait le lire avec un dictionnaire (Léonard aime les mots rares) et un dictionnaire mythologique. La matière des poèmes a peu à voir avec le vécu, avec le Québec. Tout cela est très intellectuel, peu senti, académique. Au mieux, de la fantaisie verbale d’inspiration surréaliste des années 20.
« Demain, la chanterelle passera / Et sur le cairn des Celtes, / Les violons tatoués vagiront, Enfants égarés. // Le ciel sera de Van Gogh, / La terre, d’un barbare et la mer, / D’un gueux. // Un homme, un seul, viendra lentement / Cueillir le pavot / Pour s’enfuir / Heureux. »
Le livre se démarque peu tout compte fait. Le titre du poème est inscrit au verso de la page impair et les vers au recto de la page paire, donc face à face. Le taille de la police est très grande. On observe souvent des vers en retrait. Deux poèmes ont une disposition plus dynamique (les poèmes pourraient être lus à la verticale ?), « Le retour de Vinée » et « L’amant de Palès » que voici :
Pour comprendre mieux les enjeux dont témoigne ce recueil sur le plan formel, il est intéressant de lire le compte rendu d’André G. Bourassa dans le DOLQ : « Naïade est une poésie de brisures, d’éclatement, c’est-à-dire une poésie qui, comme au temps d’Apollinaire et de Cendrars, conteste les mécanismes de la connaissance et de l’expression, où les hallucinations l’emportent sur la raison. Léonard aurait-il œuvré dans la période précédente, comme Pellan, que son parti pris aurait démontré beaucoup d'audace et d’a-propos… Recueil intéressant, somme toute : un peu tardif par rapport à la poésie de Jean-Aubert Loranger, par exemple, mais plus explicitement accordé au meilleur des recherches de la France des années 1920. » (André G. Bourassa, DOLQ, 4, 665)
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