Clovis Duval, Les fleurs tardives, Chez l’auteur, Montréal, 1923, 207 pages.
« Clovis Duval, né à Batiscan en 1882, fait ses études à Trois-Rivières puis à l'Université Laval. Reçu médecin en 1907, il pratique à Batiscan, et à partir de 1920, en Gaspésie, ensuite à Montréal, à Charlemagne, puis à Trois-Rivières. Atteint d'une maladie cardiaque, Clovis Duval retourne à sa ville natale où il meurt en 1951. Poète, il collabore entre autres, au « Bien Public » et au « Nouvelliste » et publie ses poèmes en recueils. » (Fonds Clovis Duval, BanQ)
L’édition est très modeste. Le papier est de piètre qualité et la disposition des poèmes, très serrée.
Duval, de son propre aveu, a mis 20 ans à produire ce recueil, ce qui semble lui avoir inspiré le titre. On lit donc des poèmes d’un jeune homme aux études et aussi ceux produits par un médecin de campagne dans ses temps libres.
Il n’est pas nécessaire de lire les 207 pages pour prendre la mesure de Clovis Duval. Comme beaucoup de ses congénères, il fait plutôt partie des rimailleurs que des poètes. Ses poèmes obéissent à la rime mais se refusent aux formes fixes, comme le sonnet : « — Fais-en donc un sonnet, s'écria l'un d'entre eux / Ciseler un sonnet c'est plus court et commode, / Et moi je répondis : Je n'aime pas la mode, / C'est risible, on en fait partout, à tout propos ; / La mode est aux sonnets comme elle est aux chapeaux ».
Ses sources d’inspiration sont convenues, ce sont celles de son époque : le pays et ses « gloires » nationales, la religion et les moments-clés du calendrier religieux, la nature et le passage des saisons, les figures-types du terroir (le forgeron, le semeur, le pecheur), l’amour, la vie.
Ceci dit, on lit ici et là de jolies images (« un laboureur… déchire le champ », la maison « prend à son tour les feux de l’horizon », « Le vent semble agrandir l’aurore » ) et l’auteur est capable d’humour (« Je soupçonne mes vers de vous trouver jolie / Et de pas vouloir se séparer de vous ») et d’autodérision (« Commentaire après 15 ans », « Un poème qui brûle »).
Dans l’épilogue, Duval envisage la réception critique de son livre :
ÉPILOGUE (début)
Cet auteur qui brûla tant de vers, de main leste,
Fut, dira-t-on, mauvais jardinier pour le reste.
Sécateur imparfait,
Sa nonchalance a bien opéré quelques tailles,
Déblayé son terrain des plus grosses broussailles,
Il n’a pas assez fait
Comme il arrive à tout auteur jugeant son livre,
Tel poème détruit, peut-être aurait dû vivre,
Et tel autre, épargné,
Aurait peut-être dû plutôt prendre sa place
Et monter comme lui se chercher dans l’espace
Un repos bien gagné.
Que faire, s’il en est ainsi, sinon attendre
Un verdict du public, pas trop dur, pas trop tendre,
Et savoir de partout
Si l’on tolère encore une métrique fruste,
Et si le vieux penchant de l’auteur était juste
De détruire le tout ?
Craindre un verdict trop doux ? —Qu’il demeure en liesse !
Sur cent lecteurs, chacun aura plus d’une pièce
Qu'il voudrait dans le jeu.
Trop dur ? Ces cent esprits, que la critique aiguise,
Peut-être en aimeront chacun une, à leur guise,
Et ce n’est pas si peu !
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