Jacques de Roussan, Le pouvoir de vivre, Montréal, Atys, s.d. [1961], 44 pages. (3 bois originaux de Janine Leroux-Guillaume) (Le recueil est dédié à son épouse : Wanda Malatynska)
Le livre, imprimé à l’atelier
Pierre Guillaume, avec les bois de Janine Leroux-Guillaume, est très beau. Cependant,
le projet poétique est plus modeste. De Roussan procède presque toujours par
répétition d’un vers, d’une structure de phrase ou de strophe, ce
qui est souvent l’apanage des débutants.
L’inspiration est large. Certains
poèmes sont personnels, d’autres ont une portée sociale ou philosophique. Il
ne faut pas y chercher de métaphores complexes, de surprises au tournant d’un
vers, le tout baigne dans une simplicité de bon goût. On devine que ces poèmes
musicaux ont été récités tant le propos est accessible.
Relevons quelques idées. De
Roussan regrette le tournant artificiel qu’a pris la société : « L’homme,
jadis libre, / s’enferme lui-même / et, de toutes ses fibres, / a jeté
l’anathème / sur la liberté naturelle / où, lorsque grand et fort, / il avait
une puissance réelle / qui magnifiait son corps. »
Plusieurs poèmes célèbrent
l’amour et la vie (lire l’extrait), d’autres en dénoncent les laideurs : « Et
la terre tourne pendant que, au fond des mers, grouillent des monstres
pervers. »
L’humain est toujours en quête de
beauté, d’une plénitude qui lui échappe : « Le frémissement des
feuilles / est comme celui de la pensée / et s’exacerbe à danser / en vain sous
l’œil / frémissant d’une brise insolente. »
L’auteur ne croit pas que la mort
soit la fin de tout, mais ses croyances ne sont pas religieuses :
« Rien ne me fera croire / que notre destinée / est pour toujours / de
rester sur ce monde. »
En guise d’extrait, voici le
court poème qui clôt le recueil :
Invocation
À la terre, ma
mère,
Au ciel, mon
père,
Au feu, mon
frère,
je
clame ma force …
Au soleil de
ma vie,
À la lune de
ma nuit,
je
lance mon défi…
À toi, femme,
je
crie mon amour!
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