Gabriel Charpentier, Le dit de l’enfant mort, Paris, Pierre Seghers, 1954, 35 pages.
Dans le dernier poème, Charpentier donne la clé de son recueil : « Au fond / c’est l’histoire d’un petit mort comme vous et moi / d’un petit mort bien ordinaire ».
Ce « petit mort bien ordinaire » est un être seul qui fuit tant bien que mal son malheur et qui rencontre de temps à autre un « naufragé » comme lui : « Cauchemar sur la route / la mort m’entoure de ses bras / […] /je suis perdu dans les herbes hautes/ […] / je crie ». Sa fuite éperdue ne semble mener nulle part : « A marché, pendant de longues journées, a traversé de vastes marécages, a fui, a dormi sous les arbres morts, a gardé son agonie, ses songeries, a fermé ses mains ses yeux ses bras ». Comme le titre et certains passages le suggèrent, il se pourrait bien que l’objet de cette fuite soit relié à l’enfance : « C’est le rêve d’un enfant que je porte dans ma main. […] où est l’enfant mort? Qui est cet enfant? Invention! Invention! Ne m’abandonne pas. Je me livre à eux. Je leur donne mon bateau. Mon âme est morte ce matin, bien loin, loin, sur la mer, doucement, sans fermer les yeux. » Certains passages font état d’une grande violence : « ils me défigurent/ ils m’enlèvent de toi / ils me frappent / ils me frappent / ils me frappent / ils m’entourent / ils me brûlent ». Compte tenu de tout cela, le petit poème cité au début de ce billet est pour le moins déconcertant.
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