Édouard Duquet, Pierre et Amélie,
Québec, J. N. Duquet libraire-éditeur, 1866, 44 p.
Il faudrait
citer au complet la préface de ce livre. Duquet est bien conscient que sa
pastorale ne fera pas le poids face aux œuvres monumentales des Hugo, Dumas... mais,
étant le premier à exploiter ce genre au Canada, il prétend que son œuvre sera
utile à ses compatriotes, à son pays : « c’est là mon unique vœu. »
Pierre et Amélie, c’est un récit dans le récit. Le narrateur quitte
« les clameurs bruyantes de la ville » et se réfugie dans la campagne
« riante » qui entoure Québec afin de méditer. Dans sa retraite
bucolique, il rencontre un vieillard qui s’agenouille devant une croix et il lui
demande de raconter son histoire.
L’intrigue est très simple. Un veuf
et et une veuve, frère et sœur, décident d’élever ensemble leur enfant
unique : Pierre et Amélie. Les enfants développent un lien très fort qui
se transforme en amour à l’adolescence. Au jour prévu de leur mariage, les
Iroquois débarquent et assassinent tous les membres de la famille. Le curé, qui
devait les marier, les enterre et plante la croix devant laquelle était
prosterné le vieillard.
Le récit est le plus souvent
itératif, si bien que l’action et les dialogues sont presque inexistants. La
description des lieux et des sentiments, qui se développent entre le cousin et
la cousine, meuble le récit. Tout cela baigne dans un romantisme plutôt
sirupeux, teinté d’effusions lyriques qui ont pour objet la nature et la
religion. Les deux héros sont purs et innocents et les lieux de leurs amours
rendraient jaloux Adam et Ève.
Extrait
« Ô touchante sublimité de
la religion, à jamais grande, toujours immuable, quelle voix pourra dire ta
gloire ! où trouver des accents pour chanter tes louanges ! Tu
parles, ta voix modeste, douce, insinuante émeut l’âme du pécheur et des larmes
de repentir tombent de ses yeux ; tu parles, et ta voix pacifique se fait
entendre depuis le palais des rois jusque sous l’humble toit du laboureur.
Compagne assidue de l’humanité souffrante, tu la consoles ; pour l’égayer,
tu jettes des fleurs sur son passage, tu lui souris, tu l’encourages et lui
enseignes à supporter les maux, les vicissitudes de ce bas-monde, en lui
montrant là-haut le terme de ses souffrances. Persévérante, infatigable, il
n’est d’obstacles que tu ne surmontes pour ramener au bercail la brebis égarée
dans de dangereux sentiers. Près de la couche fiévreuse du mourant, tu le
réconcilies avec son Dieu ; tu lui dis, et ta voix est consolante, tu lui
dis : mon fils, tu vas bientôt recevoir la récompense de tes peines.
Enfin, tu viens répandre des larmes et des lauriers sur l’humble tombeau de la
vertu. »
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