(Je n’ai lu tout au plus que 30 des 330 pages.
Il y a peu de livres qui me résistent, mais celui-ci m’oblige à admettre mes
limites. Je vais donc en donner une idée en présentant la table des matières et en citant des courageux qui l’ont
lu.)
Suite marine, c’est de 6000 à 7000 vers sur un thème unique : l’amour. À travers ce thème, c’est l’histoire de la vie qu’évoque Choquette en utilisant la mer et ses soubresauts comme allégorie.
La table des
matières
Prologue; Chant I — La maison sur la mer; Chant II — La
plage; Chant III — Le village; Chant IV — Les vieux conteurs; Chant V — Les
dunes; Chant VI — Les mers tropicales; Chant VII — La nuit millénaire; Chant
VIII — Le cap; Chant IX — La pluie; Chant X — La jetée; Chant XI — Le phare; Chant
XII — La figure de proue.
Le sujet
« Quelle est l’affabulation
de Suite Marine? Un homme et une femme
connaissent un amour si noble que, faute de pouvoir maintenir leur passion au
niveau de la perfection, ils décident d’y renoncer afin d’en garder l’image
intacte. Mais l’âme ne se départit pas ainsi de l’amour sans que le corps
regimbe. Tel est le drame de Suite Marine
auquel la mer donne son espace et la mort son aboutissement temporel. »
(Bessette et all., La littérature canadienne-française)
Quelques critiques
« Le cas de Robert Choquette
constitue une sorte d’anachronisme dans la littérature canadienne-française, au
milieu du XXe siècle, en ce sens que, si l’auteur perpétue des valeurs
traditionnelles de prosodie et d’inspiration, il ne semble pas avoir été touché
par le problème de l’aliénation contemporaine. À lire son œuvre, on ne dirait
pas que la guerre a passé, ni son cortège d’angoisse et de révolte. » (Bessette
et all., La littérature canadienne-française)
« Choquette apparaît vers 1930 comme un des
tempéraments poétiques les plus robustes. Sa fougue juvénile donnait
vraiment du panache à sa poésie; après s’être montré longtemps réfractaire à
l’unanimité des critiques de son temps qui pestaient contre les incorrections
de ses poèmes, il a desséché son talent dans sa méticuleuse Suite marine.
Ce qui devait être le chef-d’œuvre de sa carrière a été publié trop
tard. » (Samuel Baillargeon, Littérature
canadienne-française)
« Dans l’histoire de la
littérature canadienne, il n’est peut-être pas de création poétique à laquelle
il soit plus difficile de rendre justice. La jeune critique canadienne a fort
mal reçu Suite marine, lui trouvant
un air stérile et démodé. Cet autodafé, auquel survivra le nom de Robert
Choquette, soulève un problème fondamental : un artiste peut-il se hausser au
grand art en empruntant tout à ses devanciers ? Robert Choquette pratique
l’alexandrin avec une déférence si conservatrice qu’il remonte pour ses modèles
plus volontiers au XVIIe qu’au XIXe siècle. Comment ne pas ressentir de malaise
aussi devant un vocabulaire dont les mots-clef (azur, or, ciel bleu, etc.) sont
parmi les plus galvaudés de la poésie française du siècle passé ? Il n’est pas
jusqu’à l’échafaudage philosophique de ce poème qui ne sente un peu le
moisi. » Gérard Tougas, Histoire de
la littérature canadienne-française)
« Le destin de Robert
Choquette est singulier. Il est d’abord apparu dans nos lettres, vers 1930,
plein d’audace, bousculant préjugés et routines, choquant ses lecteurs et les
émerveillant. Puis on s’est habitué à ses dons, on leur a découvert des failles
et on s’est mis à l’admirer pour la valeur et l’originalité réelles de son
apport à la poésie québécoise. Des jeunes de 1960, frappés, lors de la
publication de ses œuvres complètes, par une fécondité qui n’est généralement
pas leur fait, ont jugé cette abondance stérile et démodée. Le malheur voulait
bien en effet que, démodée, cette poésie l’était devenue entretemps. […] Choquette
ne se sera jamais lui-même suffisamment méfié des images et des formules
galvaudées par un trop long usage. Trop admiratif, trop respectueux à l’égard
d’une esthétique qui fut opportune et nécessaire il y a un siècle, il aura fait
l’erreur de rivaliser trop exclusivement avec ses devanciers. » (Pierre de
Grandpré, Histoire de la littérature
française du Québec, t. II)
« Le temps passe, des poèmes demeurent. Suite marine de Robert Choquette peut être relu pour sa force d'évocation, son originalité et l'universalité qu'il apporte à notre poésie et à la poésie de langue française. Ces chants qui interrogent la mer, l'amour et la mort, prennent leur souffle dans la nécessité de la confrontation aux forces du cosmos, de l'infini. » (Beausoleil, C. (2005). Robert Choquette. Lettres québécoises, (119), 54–54.)
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