Adélard
Lambert, Journal d’un bibliophile,
Drummondville, Imp. «La Parole» Ltée,
1927, 142 pages.
Adélard Lambert est né à
Saint-Cuthbert, en 1867. Ses parents déménagent aux États-Unis lorsqu’il a deux
ans. Malgré quelques retours au Québec, l’essentiel de sa vie se déroulera dans
les états du nord-est américain. À l’âge adulte, il vivra surtout dans la
communauté franco-américaine de Manchester. En 1921, il rentre au Québec et
deviendra l’un des principaux collaborateurs de Marius Barbeau.
Le titre le dit bien, l’auteur va raconter son expérience de
bibliophile. Rien ne le prédestinait à le devenir, lui qui a quitté l’école à
16 ou 17 ans. Ses premiers livres, ce furent des récompenses
scolaires de fin d’année. Ses véritables débuts de collectionneur datent de la fin
des années 1880. Il commence à acheter les auteurs de l’époque : Casgrain,
Fréchette, Lemay, Beaugrand, Laure Conan, Dick et il s’abonne à des revues
qu’il fait relier et collectionne. Ainsi il monte, en l’espace de trois ans,
une bibliothèque de « cent cinquante volumes presque tous reliés ».
Mais c’est surtout
lorsqu’il devient commissionnaire (colporteur) que son expérience devient
intéressante. Il rentre chez les gens – des Franco-américains - toujours à
l’affût de livres dont ils veulent se débarrasser ou qu’ils acceptent de
vendre. Un jour, il recueille 68 canadianas, disposés près du poêle, pour
alimenter le feu. Ainsi il va dénicher des livres très rares, comme : Les Voyages de la Nouvelle France
Occidentale, de Samuel de Champlain (1632); Nouvelle Découverte d'un Très Grand Pays Situé Dans l'Amérique, de Louis
Hennepin (1698); Journal Historique Du
Dernier Voyage, de Henri Joutel (1713). En 1912, il a 1500 volumes
canadiens. En 1918, sa collection en
contient 4000. Il est à l’aube de la cinquantaine et craint pour la survie de
sa collection. Il décide de la vendre à l'Association canado-américaine de
Manchester. La collection Lambert existe toujours, bien entendu. Elle est dans la Geisel Library au Saint-Anselme collège (New Hampshire). On peut faire des
recherches en ligne dans le catalogue de cette bibliothèque. Par exemple, une
recherche sur l’auteure Laure Conan donne cinq titres.
Voilà un livre qui avait tout me plaire, mais, tout compte fait, Journal d’un bibliophile est un peu décevant… parce qu’on n’y parle pas
suffisamment de livres. Il est difficile de concevoir un collectionneur de
livres qui ne soit pas aussi un ardent lecteur. Or, on en sait très peu sur les
lectures de l’auteur. On est aussi étonné qu’une personne qui fréquente les
livres avec autant de passion soit aussi peu ouvert d'esprit (lire l’extrait). L’auteur
marche main dans la main avec les curés (« Nos prêtres doivent rester
toujours les pères de la nation. ») ce qui peut expliquer sa moralité
austère, janséniste. Il faut le faire, répudier Les Trois mousquetaires! L’auteur était aussi un ardent patriote et
parfois son nationalisme l’aveugle : il se laisse emporter dans des débats
- et il nous les décrit en long et en large - qui n’ont plus rien à voir avec
la bibliophilie.
Adélard Lambert |
« Je n’ai jamais cherché à connaître les œuvres de Voltaire, de Rousseau, de Renan ou d’Anatole France.
La lecture d’une couple de romans d’Alexandre Dumas me prouva que ce farceur, outre les nombreuses scènes d’immoralité que contenaient ses œuvres, persistait à amoindrir le caractère sacré de ceux qui ont mission d’élever le moral dans l’âme de l’individu.
Ma curiosité ne fut jamais assez éveillée pour que je me complusse à déguster du Balzac, du Kock, du Sand, qui furent cependant surpassés par le triste ordurier Zola, ce prétendu réaliste qui a empesté, sali et abaissé tout ce qu’il y avait de plus noble et de plus généreux dans l’âme de l’homme ; ce fut un traître à la nation française tout entière.
Que l’assommoir de ce gargotier ne retombe que sur ses admirateurs panthéonniens.
De mes premières lectures d’auteurs français, « Le loup blanc » et « Roger Bontemps », de Paul Féval, étaient aussi captivants et intéressants que la gargouille des auteurs plus haut nommés. » (page 104)
Lire sur l’auteur : le journal Ça
m’chicotte, page 4.
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