Régis de Trobriand, Le Rebelle , Montréal, Réédition Québec,
1968, 39 pages. (Fac-similé de la 1re édition en livre :
Québec, N. Aubin et W. H. Rowen, 1842) (Publié d'abord dans Le Courrier des États-Unis, en décembre 1841)
L'action se déroule pendant la Rébellion de 1837-1838. Laurent de Hautegarde est un patriote.
Il est amoureux d’Alice MacDaniel, la fille d'un Irlandais loyaliste. Le père
d’Alice refuse que sa fille épouse Laurent. Leur union devient encore plus
improbable lorsque Laurent et un patriote du nom de Durand participent à une escarmouche contre les
Anglais dans laquelle le frère d’Alice est tué. Lorsque celle-ci l’apprend,
elle s’effondre sur le parquet et sombre dans le coma.
Laurent va participer à la bataille
de Saint-Charles (lire l’extrait) et réussir à s’enfuir au dernier moment. Il
assistera, incognito, à la pendaison des patriotes. Il essaiera de retrouver
Alice sans savoir qu’elle est morte le jour même. La fin n’est pas très claire : on
comprend qu’il serait mort, lui aussi, après avoir ouvert la tombe de son
amoureuse pendant la veillée funéraire.
Du point de vue historique, l'action
débute le 23 octobre 1837 à Saint-Charles, et se termine par l’exécution de
quelques Patriotes au printemps de 1838 (?). Les événements marquants de la
Rébellion s’enchaînent sans qu’on y assiste vraiment. Le mieux décrit, c’est la
bataille de Saint-Charles (lire l’extrait). Par moments, on se croirait dans un
livre d’histoire, surtout au début quand Trobriand nous résume à gros traits les
événements qui ont mené à la Rébellion. Heureusement, le récit n’a que 39
pages.
Du point de vue littéraire, c’est
très faible. L’intrigue et les personnages sont à peine esquissés. Plus encore,
on a droit à une histoire secondaire (qui concerne Durand), encore plus
embrouillée que la première.
L’édition n’est pas très heureuse,
non plus. On a peine à lire certaines pages tant leur reproduction est
mauvaise.
Extrait
II finissait à peine ces mots que
les troupes ébranlées s'élancèrent au pas de charge sur les retranchements. En
un instant toute cette partie de la ligne fut enveloppée d'une épaisse fumée au
milieu de laquelle comme une ceinture d'éclairs brillaient les explosions d'armes
à feu ; les détonations se succédaient avec une rapidité pareille au pétillement
de la grêle sur les toits. Les clameurs des combattants augmentaient le bruyant
tumulte de cette scène que les cris et les imprécations des blessés, la chute
des morts commençaient à revêtir d'une teinte funèbre. Bientôt les coups de feu
devinrent moins nourris ; une bouffée de vent en emportant la fumée leva le rideau qui recouvrait la scène de carnage,
en dérobait les détails et le spectacle d'un retranchement enlevé à la
baïonnette s'offrit dans sa magnifique horreur. Aux grandes clameurs, au
tonnerre des explosions avait succédé un silence bien plus effrayant. La mort
moissonnait à larges fauchées parmi les hommes pressés comme des épis. Autour
des chefs, sur quelques points, les cadavres couvraient le sol rougi de sang et
jonché d'armes brisées ; les uns tombaient renversés au pied des retranchements
qu'ils escaladaient; les autres parvenus au sommet rejetaient dans l'intérieur
les ennemis atteints par le fer, — car le feu avait cessé, et les hommes
luttant corps à corps n'avaient ni le temps ni la possibilité de recharger
leurs armes. On s'égorgeait donc à l'arme blanche, mais sans bruit, mais sans enivrement,
et sur des cadavres couchés près des canons muets. — Cette scène terrible fut heureusement
de peu de durée. Les insurgés privés des armes nécessaires à ce genre de combat
furent culbutés par les Anglais mieux pourvus et plus nombreux. Le dernier qui
resta à son poste dans la déroute générale fut Laurent de Hautegarde. Entouré
par l'ennemi, il faisait tête à tous avec une intrépidité qui tenait du délire,
frappant sans se lasser et sans daigner faire le moindre effort pour protéger
sa vie autrement qu'en combattant avec rage. (p. 30)
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