Marie-Rose Turcot, Nicolette Auclair, Montréal-New York, Les éditions du Mercure, 1930, 179 pages.
On n’a pas vu souvent la haute société dans le roman québécois. C'est ce monde que met en scène avec plus ou moins de bonheur Marie-Rose Turcot dans Nicolette Auclair, un court roman, et dans les trois nouvelles que contient ce livre.
Nicolette Auclair
Nicolette, 18 ans, quitte le couvent new yorkais où elle a passé la majeure partie de sa vie. Il faut dire qu’elle est orpheline de père et que sa mère, une cantatrice célèbre, s’en est très peu occupée. Aussi bien la parenté de sa mère que celle de son père sont originaires de la ville de Québec et c'est dans cette dernière que débute le roman. La jeune Auclair participe avec des amis à une petite croisière sur le St-Laurent qui les mène à La Malbaie et à Tadoussac, là où le sénateur Jolivet a organisé une grande fête. Un jeune homme du nom d’Armand Chabrier lui fait la cour, mais elle ne répond guère à ses avances, sans doute parce qu’elle ne voit assez clair (sans jeu de mots) en elle. Sa mère voudrait qu’elle porte plus d’attention au Major Aubry-Leroy, une espèce de bellâtre qui lui garantirait un nom et un riche avenir. L’été passe et la jeune Auclair rentre à New York avec sa mère. Dans la ville américaine, elle poursuit des études en arts. Aubry-Leroy revient à la charge, mais elle le repousse. De plus en plus, elle se rend compte qu’un seul homme compte pour elle et c’est ce cher Armand, qui continue de lui écrire. L’été revient, elle le retrouve…
L’ermite de la mare aux renards
Lola, toujours célibataire, vient passer Noël à Ville-Marie, chez Henriette, une ancienne amie de couvent, mariée et mère de deux enfants. On lui parle d’un jeune Français, ami de la famille, qui vit en ermite. Lola, avide de conquêtes romanesques, désire par-dessus tout le rencontrer. Mais le Français est malade et elle contribue à sa guérison. Notre ermite s’éprend de la belle qui repart à Montréal.
Le chemin de Damas
Judith Chantilly, une jeune fille frivole, a vécu une chute de cheval qui aurait pu lui coûter la vie. Cet événement va complètement la changer. Elle délaisse un ancien amoureux, aussi volage qu’elle, et s’éprend du sérieux médecin qui la soigne.
Méfait d’un coup de vent
Après ses études, Antoine Bernard s'est lancé dans une vie aventureuse qui l’a mené sur les mers, dans le grand Nord. Il a même fait la guerre. Depuis, il vit en solitaire, jugeant qu’aucune femme ne pourrait comprendre son besoin d’aventures. Mais un soir de Noël, lors d’une tempête, une délicieuse jeune fille et sa tante débarquent par mégarde chez lui…
Le problème avec Marie-Rose Turcot, c’est qu’elle ne raconte pas assez ses histoires. Je m’explique : on a toujours l’impression d’être dans un résumé. Il n’y a pas assez de scènes où les personnages vivent sous nos yeux. Tenu à distance, on ne s’attache pas aux personnages qui sont très nombreux (une vingtaine de personnages et trois générations dans la première) et très difficiles à démêler : j’ai même dû faire des schémas. L’écriture est plutôt maniérée, comme en témoigne l’extrait retenu.
Extrait de Nicolette Auclair
Autour d'eux, le mouvement est à son paroxysme. Les couples glissent sous une pluie de serpentins. Une course aux ballons fait le délire de ces grands enfants. L'orchestre les stimule d'éclats de cymbales, d'objurgations de trombone, de salves de castagnettes, comme si la place fût soudain devenue un lieu hanté de génies malfaisants.
Nicolette, sidérée par l'excès du bruit et par la farandole qui se déchaîne dans son cerveau, oppose le prétexte d'un étourdissement à l'invitation du major à s'engager dans le tourbillon. Elle n'en a ni l'inclination ni le savoir-faire, paralysée par un mutisme obstiné qui envenime son indignation. Ce charivari, c'est pour les Américains le carnaval de l'an qui meurt, la déroute des chimères évanouies, le regret du passé qui s'envole; c'est l'oubli de la transition solennelle d'une année à l'autre dans l'ignorance heureuse des réserves de l'an neuf, — démonstrations déclamatoires, énervantes, fanfaronnade effrontée qui met hors de ses gonds une enfant obsédée d'une idée fixe, — qu'adviendra-t-il d'Armand, de leur amitié qui, à la lumière de cette catastrophe, se révèle plus tendre et désolée.
Décontenancée de l'attitude de sa fille, madame Auclair suggère de rentrer. Tandis qu'il l'enveloppe de sa mante, Aubry LeRoy se rend compte qu'une âme de femme est faite de fragilité pour les unes, de sincérité pour les autres et que l'homme superficiel qu'il est, ne saurait acclimater cette fleur de serre, qui ne s'épanouira qu'aux rayons d'un soleil moins ardent, sous un ciel plus serein. (p. 88-89)
Marie-Rose Turcot sur LaurentianaOn n’a pas vu souvent la haute société dans le roman québécois. C'est ce monde que met en scène avec plus ou moins de bonheur Marie-Rose Turcot dans Nicolette Auclair, un court roman, et dans les trois nouvelles que contient ce livre.
Nicolette Auclair
Nicolette, 18 ans, quitte le couvent new yorkais où elle a passé la majeure partie de sa vie. Il faut dire qu’elle est orpheline de père et que sa mère, une cantatrice célèbre, s’en est très peu occupée. Aussi bien la parenté de sa mère que celle de son père sont originaires de la ville de Québec et c'est dans cette dernière que débute le roman. La jeune Auclair participe avec des amis à une petite croisière sur le St-Laurent qui les mène à La Malbaie et à Tadoussac, là où le sénateur Jolivet a organisé une grande fête. Un jeune homme du nom d’Armand Chabrier lui fait la cour, mais elle ne répond guère à ses avances, sans doute parce qu’elle ne voit assez clair (sans jeu de mots) en elle. Sa mère voudrait qu’elle porte plus d’attention au Major Aubry-Leroy, une espèce de bellâtre qui lui garantirait un nom et un riche avenir. L’été passe et la jeune Auclair rentre à New York avec sa mère. Dans la ville américaine, elle poursuit des études en arts. Aubry-Leroy revient à la charge, mais elle le repousse. De plus en plus, elle se rend compte qu’un seul homme compte pour elle et c’est ce cher Armand, qui continue de lui écrire. L’été revient, elle le retrouve…
L’ermite de la mare aux renards
Lola, toujours célibataire, vient passer Noël à Ville-Marie, chez Henriette, une ancienne amie de couvent, mariée et mère de deux enfants. On lui parle d’un jeune Français, ami de la famille, qui vit en ermite. Lola, avide de conquêtes romanesques, désire par-dessus tout le rencontrer. Mais le Français est malade et elle contribue à sa guérison. Notre ermite s’éprend de la belle qui repart à Montréal.
Le chemin de Damas
Judith Chantilly, une jeune fille frivole, a vécu une chute de cheval qui aurait pu lui coûter la vie. Cet événement va complètement la changer. Elle délaisse un ancien amoureux, aussi volage qu’elle, et s’éprend du sérieux médecin qui la soigne.
Méfait d’un coup de vent
Après ses études, Antoine Bernard s'est lancé dans une vie aventureuse qui l’a mené sur les mers, dans le grand Nord. Il a même fait la guerre. Depuis, il vit en solitaire, jugeant qu’aucune femme ne pourrait comprendre son besoin d’aventures. Mais un soir de Noël, lors d’une tempête, une délicieuse jeune fille et sa tante débarquent par mégarde chez lui…
Le problème avec Marie-Rose Turcot, c’est qu’elle ne raconte pas assez ses histoires. Je m’explique : on a toujours l’impression d’être dans un résumé. Il n’y a pas assez de scènes où les personnages vivent sous nos yeux. Tenu à distance, on ne s’attache pas aux personnages qui sont très nombreux (une vingtaine de personnages et trois générations dans la première) et très difficiles à démêler : j’ai même dû faire des schémas. L’écriture est plutôt maniérée, comme en témoigne l’extrait retenu.
Extrait de Nicolette Auclair
Autour d'eux, le mouvement est à son paroxysme. Les couples glissent sous une pluie de serpentins. Une course aux ballons fait le délire de ces grands enfants. L'orchestre les stimule d'éclats de cymbales, d'objurgations de trombone, de salves de castagnettes, comme si la place fût soudain devenue un lieu hanté de génies malfaisants.
Nicolette, sidérée par l'excès du bruit et par la farandole qui se déchaîne dans son cerveau, oppose le prétexte d'un étourdissement à l'invitation du major à s'engager dans le tourbillon. Elle n'en a ni l'inclination ni le savoir-faire, paralysée par un mutisme obstiné qui envenime son indignation. Ce charivari, c'est pour les Américains le carnaval de l'an qui meurt, la déroute des chimères évanouies, le regret du passé qui s'envole; c'est l'oubli de la transition solennelle d'une année à l'autre dans l'ignorance heureuse des réserves de l'an neuf, — démonstrations déclamatoires, énervantes, fanfaronnade effrontée qui met hors de ses gonds une enfant obsédée d'une idée fixe, — qu'adviendra-t-il d'Armand, de leur amitié qui, à la lumière de cette catastrophe, se révèle plus tendre et désolée.
Décontenancée de l'attitude de sa fille, madame Auclair suggère de rentrer. Tandis qu'il l'enveloppe de sa mante, Aubry LeRoy se rend compte qu'une âme de femme est faite de fragilité pour les unes, de sincérité pour les autres et que l'homme superficiel qu'il est, ne saurait acclimater cette fleur de serre, qui ne s'épanouira qu'aux rayons d'un soleil moins ardent, sous un ciel plus serein. (p. 88-89)
Le Caroussel
L'Homme du jour
Nicolette Auclair
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