Andrée Jarret (pseudo de Cécile Beauregard), Contes d’hier, Montréal,
Daoust et Tremblay, 1918, 158 pages. (Préface de M. M.)
Premier livre de Cécile Beauregard. Encore une fois,
ce qui est désigné ici comme « conte » n’est pas vraiment un conte. Ce sont de
courts récits qui racontent les espoirs, déceptions, plaisirs d’une jeune fille
de l’époque. À titre de comparaison, on
peut penser à Michelle LeNormand dans Autour de la maison (1916).
Le recueil compte 13 récits. Une enfant trop heureuse pense « plus tard, [s]’imposer de grandes pénitences, en [s]e faisant
carmélite » (Pourquoi les mamans
pleurent); une jeune fille est abandonnée par son amoureux qu’elle a trop fait
attendre (Après la faute); une
petite fille attend stoïquement la mort (Le secret de Jeannine); une jeune fille hésite entre la vie
religieuse et le mariage (Les lilas); une jeune fille rêve (Un beau soir d’été); une jeune fille repousse une demande de mariage pour rester auprès de sa mère malade (La fiancée de Noël); une jeune femme va aider sa cousine en difficulté avec un enfant malade (Pages de journal); des
couventines passent une soirée avec leur nouvel aumônier (Les
finissantes); un veuf veut confier sa fille de 12 ans
à sa belle-sœur (Le voyage blanc); Roberte est une
fille malchanceuse en amour (Roberte); une fille découvre que sa mère
adoptive veille sur elle et ses amours (Veille
de Noël); une jeune femme craint que l’enfant qu’on lui a confié et
qu’elle a perdu s’en souvienne un jour (L’infâme); enfin, une jeune fille découvre les joies de la création (Le premier conte).
On ne sait presque rien de Cécile Beauregard. Quel âge avait-elle quand
elle a publié ces contes? Une recherche dans les journaux nous apprend qu’elle a habité à
Saint-Angèle de Monnoir comté de Rouville (La
Presse, 13 février 1922). À la lecture de certains « contes », on
se dit que Cécile Beauregard aurait pu devenir une Gabrielle Roy, celle des
petits récits familiaux. Tout comme la grande écrivaine, elle peut raconter le
quotidien le plus prosaïque et en tirer certaines réflexions pleines de finesse,
sans tomber dans une morale étroite, même si la religion est omniprésente. Ceci
étant dit, il lui manque une vision de
la vie et de la société qui transcende les petits drames au quotidien.
Extraits
« C’était dans la littérature la transposition d’un art bien
féminin ; l’auteur semblait de son aiguille fine et habile tracer sous mes yeux
les dessins et les arabesques d’une broderie élégante et harmonieuse. »
(M. M. dans la Préface)
« Une nouvelle partie commence qui promet d’être plus chaude : mon
beau-frère en est déjà tout crispé. Un paquet de nerfs, cet homme-là. D’une
perspicacité insupportable, tenace, beau parleur, avec une voix de tête un peu
voilée, pas l’ombre de vanité. Très gentil d’ailleurs, quand il veut bien, car
il a de l’esprit, et une finesse fort originale. Intelligent, trop
d’imagination, volontiers tyran si on le laisse faire, résultat de ce curieux
besoin de posséder l’attention, la sympathie. Le voilà tout entier. Lucien a
plus d’un trait de ressemblance avec lui. Même au physique, voyez : avec ses
membres frêles, son teint blanc, ses grands yeux glauques, presque gros, qui
ont toujours l’air d’avoir été lavés par des larmes récentes. » (p. 152)
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