2 novembre 2018

Contes d’hier

Andrée Jarret (pseudo de Cécile Beauregard), Contes d’hier, Montréal, Daoust et Tremblay, 1918, 158 pages. (Préface de M. M.)

Premier livre de Cécile Beauregard. Encore une fois, ce qui est désigné ici comme « conte » n’est pas vraiment un conte. Ce sont de courts récits qui racontent les espoirs, déceptions, plaisirs d’une jeune fille de l’époque.  À titre de comparaison, on peut penser à Michelle LeNormand dans Autour de la maison (1916).

Le recueil compte 13 récits. Une enfant trop heureuse pense « plus tard, [s]’imposer de grandes pénitences, en [s]e faisant carmélite » (Pourquoi les mamans pleurent); une jeune fille est abandonnée par son amoureux qu’elle a trop fait attendre (Après la faute); une petite fille attend stoïquement la mort (Le secret de Jeannine); une jeune fille hésite entre la vie religieuse et le mariage (Les lilas); une jeune fille rêve (Un beau soir d’été); une jeune fille repousse une demande de mariage pour rester auprès de sa mère malade (La fiancée de Noël); une jeune femme va aider sa cousine en difficulté avec un enfant malade (Pages de journal); des couventines passent une soirée avec leur nouvel aumônier (Les finissantes); un veuf veut confier sa fille de 12 ans à sa belle-sœur (Le voyage blanc); Roberte est une fille malchanceuse en amour (Roberte); une fille découvre que sa mère adoptive veille sur elle et ses amours (Veille de Noël); une jeune femme craint que l’enfant qu’on lui a confié et qu’elle a perdu s’en souvienne un jour (L’infâme); enfin, une jeune fille découvre les joies de la création (Le premier conte).

On ne sait presque rien de Cécile Beauregard. Quel âge avait-elle quand elle a publié ces contes? Une recherche dans les journaux nous apprend qu’elle a habité à Saint-Angèle de Monnoir comté de Rouville (La Presse, 13 février 1922). À la lecture de certains « contes », on se dit que Cécile Beauregard aurait pu devenir une Gabrielle Roy, celle des petits récits familiaux. Tout comme la grande écrivaine, elle peut raconter le quotidien le plus prosaïque et en tirer certaines réflexions pleines de finesse, sans tomber dans une morale étroite, même si la religion est omniprésente. Ceci étant dit, il lui manque une vision  de la vie et de la société qui transcende les petits drames au quotidien.

Extraits
« C’était dans la littérature la transposition d’un art bien féminin ; l’auteur semblait de son aiguille fine et habile tracer sous mes yeux les dessins et les arabesques d’une broderie élégante et harmonieuse. » (M. M. dans la Préface)

« Une nouvelle partie commence qui promet d’être plus chaude : mon beau-frère en est déjà tout crispé. Un paquet de nerfs, cet homme-là. D’une perspicacité insupportable, tenace, beau parleur, avec une voix de tête un peu voilée, pas l’ombre de vanité. Très gentil d’ailleurs, quand il veut bien, car il a de l’esprit, et une finesse fort originale. Intelligent, trop d’imagination, volontiers tyran si on le laisse faire, résultat de ce curieux besoin de posséder l’attention, la sympathie. Le voilà tout entier. Lucien a plus d’un trait de ressemblance avec lui. Même au physique, voyez : avec ses membres frêles, son teint blanc, ses grands yeux glauques, presque gros, qui ont toujours l’air d’avoir été lavés par des larmes récentes. » (p. 152)


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