Moise-José Marsile, Les Laurentiades. Retour au pays des aïeux, Montréal,
Les clercs de Saint-Viateur, 1925, 312 pages.
Pour
en savoir plus sur l’auteur : Répertoire du patrimoine culturel du
Québec
Les Laurentiades appartiennent
au courant patriotique. Comme le recueil est publié en 1925, on peut supposer
qu’il n’apportait rien de très nouveau sous les cieux canadiens-français. Une
épopée sur les temps héroïques de la colonie, Louis Fréchette nous en avait déjà servi
une : La Légende d'un peuple. Le recueil se présente comme un voyage, celui-là même des
découvreurs : on part d’Europe et on s’installe en Acadie, puis à Québec,
puis à Montréal avant de s’enfoncer dans le continent. On se retrouve devant de
longues suites d’alexandrins (à quelques exceptions près) séparés par des chiffres
romains, les titres présents dans la table des matières ayant été abandonnés. En
bon romantique, le frère Marsile donne abondamment dans le haut lyrisme et le
style épique.
En dédicace,
il avoue s’être inspiré de Byron pour la
structure de son recueil. En guise de présentation, il nous sert cette
profession de foi : « Cet effort de vieillesse, tel qu’il est, je l’offre
au vieux sol natal avec un amour inaltérable, un souvenir toujours
jeune. »
Premier
chant. L’ACADIE
On quitte
la France, on explore la Baie française, l’Ile de Sainte-Croix, on s’installe,
on érige Port-Royal, c’est le Grand dérangement et la « Résurrection ».
On rencontre Des Monts, Poutrincourt, Évangeline et Gabriel, Jacques et Marie,
les Landry de Beaubassin, le père Hébert... « Grand-Pré! Grand-Pré! ton
nom a le son d'une cloche / Qui chante et pleure en l’âme; et plus je me
rapproche / De tes cimes d'azur, de tes coteaux penchants, / Et des bras de mer
qui, loin, enserrent tes champs / Pour répandre leurs flots dans le bassin des
Mines, / Plus il me semble entendre au milieu des ruines / Comme un écho
lointain du chant de ton berceau / Ou les sanglots du glas d'adieu sur ton
tombeau. »
Deuxième
chant. QUÉBEC
Ce second chant est à l’image du premier. Un peu
d’histoire sur la fondation, puis l’entrée dans le Saint-Laurent avec Cartier
et la salutation au passage des lieux suivants : Percé, Le Saguenay,
Saint-Jean-Port-Joli, Rivière Ouelle, Beaupré et finalement Québec. « O Québec!
c'est donc toi que je contemple encore, / Le front resplendissant en des lueurs
d'aurore! / Tu sembles rajeuni par l'air vif du matin / Et tu portes, avec un
regard plus hautain, / Au bord du Saint-Laurent, la couronne immortelle / Des Plaines
d'Abraham et de la Citadelle, / Pour les âges futurs tu voulus te percher / Comme
un rival de l'aigle, au sommet d'un rocher. » Suit l’hommage à quelques
personnages célèbres : Mgr de Laval, Louis Hébert, Marie de l’Incarnation,
Brébeuf, Crémazie…
Troisième chant.
MONTRÉAL
On passe par Trois-Rivières, Verchères, Chambly, Longueuil
avant d’atteindre Montréal. On salue Maisonneuve, Jeanne Mance, Lambert Closse,
Marguerite Bourgeois et plusieurs autres… « N'es-tu pas, dès ta naissance,
Ville-Marie, / D'un lait de piété, d'un pain des forts nourrie? / Oui — bercée
à toute heure aux échos d'hymnes saints / Ou du rêve sanglant des martyrs — tu
deviens / De ce jeune pays le rempart où s'arrête / L'Iroquois en sa soif de
haine et de conquête ». On quitte Montréal, on passe par Rigaud, les Mille-Îles,
et le voyage se termine aux chutes Niagara.
En épilogue, Marsile fait un retour sur le dur labeur que
fut le sien pendant l’écriture de ses Laurentiades :
« D'une tremblante main, mais d'un cœur encor ferme— / Ma tâche enfin
finie — ô livre, je te ferme; / De t'écrire je fis, au printemps des désirs, /
Le rêve ambitieux. En mes rares loisirs — / Ainsi que de la ruche à la fleur
qui parfume, / Va l’abeille — j'allais, de volume en volume — / Des monts à la vallée, et, partout
relisant / Les exploits des aïeux aux traces de leur sang; / De larmes bien des
fois se mouillèrent ces pages… »
C’est pour occuper sa retraite que le frère Marsile aurait
entrepris cette œuvre. On imagine assez facilement tout le travail qu’elle a dû
lui coûter. Véritable travail de bénédictin, si vous me permettez le mélange
des congrégations. Réussi? Je ne dirais pas. Trop académique, trop de rimes
pour la rime, sans l’éclat de Fréchette.
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