En préface, Richard Thivierge
nous avertit que « Petits poèmes domestiques
nous racontent ingénument le bonheur d’une famille heureuse, et quelle
famille!… » Et il précise que « l’auteur est une maman, mais quelle
maman !...» et que cette mère « d’enfants adoptifs nous chante le bonheur
d’un rêve conquis sur le désert et l’égoïsme d’une existence bourgeoise ».
Enfin, Thivierge recommande le recueil à
« toutes les mamans, –
et sont-elles si rares ? – qui voient
dans leurs enfants un fardeau trop lourd pour leurs épaules de femmes
modernes ».
En lisant le poème liminaire, on
pense tout de suite à un bonheur d’occasion : « J’aurais voulu
devenir une étoile! / faire du théâtre; vivre des vies / qui n’étaient pas la mienne » […]
D’ingénieux et très heureux détours / m’ont amené à livrer mes ailes /…/ sur la
scène de la vie ». Pourtant, rien de tel ne subsiste dans la suite :
ce recueil est une hymne aux enfants, et peut-être encore plus une défense de
l’enfant adopté.
C’est l’histoire bien réelle de
sa famille qu’Alberte Langlais-Campagna raconte dans ce recueil. Rien n’est
caché, ni les noms, ni le lieu : « Face à la mouvante Baie des
Chaleurs / … / il est une maison blanche ». Plus globalement, une réalité
bien disparue revit dans cette poésie : celle des crèches, des enfants
adoptés.
La conquête d’un rêve
L’auteure raconte la visite à
l’orphelinat, l’arrivée de l’orphelin ébloui par son nouveau milieu, lui qui
n’est jamais sorti de sa crèche. Louis vient en premier : « Tu étais
malade, frêle et chétif, / tes jambes refusaient de te porter ». Suit
Dominique : « Nous sommes allés chercher Dominique / parce que, dans
la maison, ça faisait triste / de ne plus avoir de bébé ». La
troisième s’appellera Michelle et le
petit dernier, du même âge que Louis, Jean.
Paradis caché
La vie va, faite
d’émerveillements et de joies, émerveillements des enfants devant la nature et
joies des parents de constater que les petits sont heureux. De la fête de Noël
à celle des enfants, de mots tendres en gestes amoureux : « Dans
leurs petits lits clos, / leurs paupières se ferment… / la paix se fige / sur
les frimousses roses »
Dans le sentier de la sagesse
Ce sentier de la sagesse commence
par l’imitation de la grand-mère, du père médecin. La sagesse vient avec
l’éducation que promulguent les parents puisqu’ils « savent ce qui est
bon pour notre santé / physique et morale… »
Vie montante
« Après de longues années
d’attente vaine, nous voici riches de quatre plantes acquises, / qui ne
manqueront plus jamais de sève, / ni d’eau, ni d’air, ni de lumière, / ni de
ces petits soins qui aident à fleurir. » La mère se demande ce qu’il faut
donner aux enfants pour qu’ils soient prêts à affronter la vie. Sa pensée est
teintée de principes évangéliques : la générosité, l’humilité, mais aussi
l’obéissance, la douceur. « C’est l’apanage de la sagesse / de se créer
une personnalité / intérieure, morale et physique, une personnalité capable
d’enrichir les autres, / capable aussi de se suffire à soi-même. »
Les yeux qui s’ouvrent
Vient un temps où il faut
expliquer aux enfants qu’ils sont des « enfants d’adoption ». Plus
encore, il faut convaincre les gens qu’ils ne sont pas moins aimés que les
enfants biologiques. Et surtout, il faut combattre les préjugés (des enfants de
filles-mères !) qui collent aux orphelins. « Comment voudriez-vous /
que nous soyons plus sûrs / de nos enfants, que vous autres / de ceux que vous
avez… choisis? » Et les « adoptés » doivent s’imposer quitte à
brandir le poing.
L`humour qui s’ignore
Cette partie recoupe un peu
toutes les autres : mots d’enfants drôles ou songés, petites déceptions,
raisonnements loufoques, jeux, promenades, facéties, découvertes.
Épilogue
« Vivre, c’est battre de
l’aile / et s’envoler vers le pays du soleil » Comme on peut le constater
dans les extraits, il y a bien peu de poésie dans ces textes. Cela aurait pu
tout aussi bien être un « livre de famille ». L’auteure découpe sa
prose en vers, souvent de façon assez arbitraire. On sent quand même derrière
ces textes une femme aimante, une mère qui défend ses enfants becs et ongles contre
les préjugés de l’époque.
Merci Monsieur Lessard ,
RépondreEffacerJe suis le petit dernier (à gauche) sur la photo ""Epilogue""
Bientôt 80 ans , comme le temps passe ...!
Jean Campagna
Sans doute de très beaux souvenirs le livre de votre mère.
EffacerJe viens de trouver un petit de poèmes de Dominique Campagna(9ans)
RépondreEffacer1949
Bonjour, je possède le livre «Petits Poèmes Domestiques» publié en 1942 aux Éditions Fides et je ne me souvenais plus que j'avais ce livre. J'ai bien aimé le parcourir durant mes temps libres.
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