Le recueil compte deux pièces.
L’auteure l’a dédié à sa mère.
L’Heure est venue, qui ne
contient qu’un acte, a été représentée au Ritz-Carlton le 8 janvier 1923. La
pièce se passe dans une villa à Montréal. Claire Marois et André Bernier se
fréquentent depuis un certain temps. Claire vit avec sa mère qui perd peu à peu
la vue. Quand Bernier obtient une promotion qui lui permet d’aller vivre à
Paris, il demande la main de Claire. Celle-ci refuse parce qu’elle désire que
sa mère, bientôt aveugle, puisse continuer de vivre dans un milieu familier.
Le Mirage est une pièce en
trois actes. La première a eu lieu au Théâtre canadien-français le 20 novembre
1921. Gisèle et Philippe forment un couple mal assorti. Ils ont une enfant,
Véronique. Gisèle passe ses soirées à l’extérieur de la maison, jouant dans des
comédies tandis que Philippe reste à la maison, rageant en l’attendant. À la
suite d’une dispute, Gisèle décide de partir. Au deuxième acte, on la retrouve
à New York, quelques années plus tard. Elle vient de jouer une pièce qui lui a
valu un énorme succès. Pourtant, elle n’est pas heureuse. Philippe apparaît et
essaie de la forcer à revenir à la maison. Il lui fait même croire que leur
fille est malade. Au troisième acte, ô surprise, Gisèle est très malade.
Pourtant, seules quelques semaines se sont écoulées depuis son succès. Philippe
est toujours dans le décor. En fait, il vient la visiter toutes les semaines.
Elle profite d’une de ses visites pour mourir.
Malgré toute la bonne volonté du
monde, il est difficile de trouver quelques qualités à ces deux pièces. Les
fils sont trop gros et les personnages, caricaturaux. Le tout baigne dans les clichés
romantiques et le mélodrame. C’est verbeux et mièvre : « GISÈLE - Ah
! petite Marine, vous me faites songer à ces barques qui partent sur la mer,
par un beau matin ensoleillé. Elles vont, oublieuses des vents d'hier,
insouciantes des tempêtes clé demain. Le soleil d'aujourd'hui leur suffit...et
vogue, vogue la voile ! Vous avez l'âme de ces petites barques qui glissent
sans bruit sur les flots bleus. Un jour vous comprendrez le vide de vos
illusions : tout vous semblera mensonge, tristesse, amertume... et vous serez
si désemparée, petite barque, si désemparée que vous vous voudrez revenir au
rivage. Oh ! alors qu'il ne soit pas trop tard pour vous sauver du naufrage ! »
Le seul point d’intérêt, pour un
lecteur de notre temps, ce sont les discours que tiennent les personnages sur
les relations maritales. C’est l’époque où la femme, en se mariant, acceptait le
joug d’un mari. C’est aussi l’époque où un certain féminisme commençait à
poindre :
« PHILIPPE : On ne refait pas un caractère, on
le plie, mais on ne le refait pas. Gisèle est un être vaporeux, inconstant…
jeune fille, c’était un enfant gâtée, quand elle voulait, il fallait obéir...
Elle est arrivée au mariage avec cette mentalité de petite fille se persuadant
facilement que le mari est un brave garçon qui la fera vivre et lui laissera
beaucoup de liberté. Le mari lui a plu pendant quelque temps, mais comme les
petites filles, elle s'est vite lassée de sa dernière poupée, son esprit trop
léger ne peut être satisfait de cette existence. Elle veut retrouver toute sa
liberté: son mari est un gardien trop vigilant... La vie est si riante au
dehors, elle n'hésite plus, elle risque un pas hors du nid, elle est prise dans
l'engrenage des plaisirs... et c'est une femme perdue.
RAYMOND : Non, c'est une femme égarée, voilà tout, faut
ramener l'hirondelle à son nid. »
Je viens de trouver ce livre dans la bibliothèque d'un ami qui vient de mourir. Je ne l'ai pas lu encore mais était curieux de l'auteur. Votre critique ne m'incite vraiment pas à le lire...
RépondreEffacermais peut-être lui donnerai une chance.
Donnez-lui sa chance. Même si un livre n'est pas génial, ça ne veut pas dire qu'il n'y a aucun plaisir de lecture. Et je suis bien placé pour l'affirmer. Satisfaire sa curiosité, c'est déjà un plaisir.
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