La cloche des beffrois sonne à toute volée...
Sur le flanc des coteaux, au fond de la vallée,
Brûle joyeusement, dans l'âtre des aïeux,
La bûche de sapin. Les maisons s'illuminent
Courbés sur leur bâton, les vieillards s'acheminent
Évoquant tour à tour des souvenirs pieux.
On entend tout à coup de glorieux cantiques.
La terre parle au ciel. Et sous les hauts portiques.
Des temples merveilleux élevés par la foi,
Et sous le frêle arceau de la pauvre chapelle,
La foule émue accourt. Quel spectacle t'appelle
Étrange multitude, et d'où vient ton émoi ?
C'est la nuit de Noël!... Nuit calme et parfumée,
Qui berce mollement la lande accoutumée
Au murmure des eaux, au vol des papillons…
C'est la nuit de Noël… Nuit glacée, éclatante,
Qui s'ouvre sur nos champs comme une immense tente,
Ou les ensevelit dans ses blancs tourbillons.
La foule accourt... Des lieux où le soleil se lève,
Et des lieux où le vent transperce comme un glaive
Du midi plein d'arôme et du couchant obscur,
La foule accourt, joyeuse en ses habits de fête,
Sous les feux de l'étoile ou malgré la tempête,
Par les chemins de neige ou les clos de blé mûr.
Elle vient saluer le plus grand des mystères.
Dans leurs chants inspirés, les prophètes austères
L'avaient promis. Et siècle après siècle s'en va,
Et, prosterné devant l'humble Vierge Marie,
Tout le monde chrétien adore, chante et prie,
Dans l'amour et la foi, le Fils de Jéhova.
[…]
(Pamphile Lemay, Les Épis, Montréal,
J-Alfred Guay, 1914, p. 192-193)
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