Camille Roy, Érables en fleurs, Québec, Imprimerie de l’Action sociale limitée, 1923, 234 pages.
Érables en fleurs contient quelques « pages de critiques littéraires ». Les écrivains présentés ici « puisent au terroir ou […] cherchent dans leur âme profonde l’inspiration, la substance de leurs pensées ». La plupart du temps, ce sont les premières œuvres « des jeunes écrivains qui débutaient vers 1910 » (cliquez sur la page de couverture pour obtenir la liste des écrivains présentés).
Camille Roy fut notre premier critique professionnel. Comme on le voit dans son texte sur Fleurs des ondes, il exerce ce métier avec beaucoup de circonspection, comme un guide (paternaliste) qui essaie d’aider ces jeunes « érables en fleurs » à produire de beaux fruits canadiens. Il ne veut pas éteindre l’enthousiasme de ces jeunes auteurs qui ont pris la place des grands Anciens qu’étaient Crémazie, Fréchette, Lemay, Guérin-Lajoie, Aubert de Gaspé, Conan, Marmette… Il veut les stimuler, influencer le cours de leur inspiration (terroir et patriotisme), les inciter à travailler.
Voici un extrait de sa critique de Fleurs des ondes (édition de 1912).
« Composer des romans historiques, c'est-à-dire broder sur l'histoire la fantaisie, et, pour faire lire l'histoire, l'assaisonner de romanesque, voilà une entreprise louable, encore que difficile à bien mener. Laure Conan a fort heureusement vaincu cette difficulté dans L'Oublié. Gaétane de Montreuil y a, pour son coup d'essai, moins bien réussi. Fleur des Ondes ne représente pas, croyons-nous, son maximum de talent. C'est une première œuvre qui sera suivie d'œuvres meilleures.
Érables en fleurs contient quelques « pages de critiques littéraires ». Les écrivains présentés ici « puisent au terroir ou […] cherchent dans leur âme profonde l’inspiration, la substance de leurs pensées ». La plupart du temps, ce sont les premières œuvres « des jeunes écrivains qui débutaient vers 1910 » (cliquez sur la page de couverture pour obtenir la liste des écrivains présentés).
Camille Roy fut notre premier critique professionnel. Comme on le voit dans son texte sur Fleurs des ondes, il exerce ce métier avec beaucoup de circonspection, comme un guide (paternaliste) qui essaie d’aider ces jeunes « érables en fleurs » à produire de beaux fruits canadiens. Il ne veut pas éteindre l’enthousiasme de ces jeunes auteurs qui ont pris la place des grands Anciens qu’étaient Crémazie, Fréchette, Lemay, Guérin-Lajoie, Aubert de Gaspé, Conan, Marmette… Il veut les stimuler, influencer le cours de leur inspiration (terroir et patriotisme), les inciter à travailler.
Voici un extrait de sa critique de Fleurs des ondes (édition de 1912).
« Composer des romans historiques, c'est-à-dire broder sur l'histoire la fantaisie, et, pour faire lire l'histoire, l'assaisonner de romanesque, voilà une entreprise louable, encore que difficile à bien mener. Laure Conan a fort heureusement vaincu cette difficulté dans L'Oublié. Gaétane de Montreuil y a, pour son coup d'essai, moins bien réussi. Fleur des Ondes ne représente pas, croyons-nous, son maximum de talent. C'est une première œuvre qui sera suivie d'œuvres meilleures.
Fleur des Ondes est trop compliqué, semble-t-il ; c'est le roman d'aventures, où s'enchevêtrent d'innombrables détails. L'imagination de l'auteur y est d'une fertilité trop libre. Il faudrait la mieux contenir. Le livre manque de sobriété. C'est un flot de vie trop mêlé, trop chargé qui coule en ces cent soixante pages. Et parce qu'il y a tant de choses, toutes ces choses ne sont pas assez fondues, assez harmonieusement ordonnées.
A commencer par le prologue, dont il n'est pas bien sûr qu'il ne constitue pas un hors-d'œuvre, jusqu'au mariage de Philippe de Savigny avec Fleur des Ondes, que d'inventions hardies, surprenantes, souvent très capables de retenir fiévreuse la curiosité du lecteur !
Mais on a dès le début le sentiment de l'incohérence. Les trois premiers chapitres sont des pièces disparates que peut-être avec plus d'effort vers l'unité, avec une assimilation plus vigoureuse du sujet, il eût été facile de mieux ajuster. Les considérations sur la politique de Champlain, le récit de son troisième voyage, en 1611, auraient pu faire corps avec le roman, si l'auteur avait su les y introduire. Il n'est pas d'un effet suffisamment artistique de jeter en travers de la fable, entre le prologue et le chapitre premier, dix pages de la prose de Champlain : ces pages pouvaient au moins être reportées à la fin du livre, en manière d'appendice.
Mais je regrette d'être obligé de tant insister sur des défauts de composition. Il faut tout de suite ajouter que l'intrigue du roman témoigne d'un remarquable talent d'invention. […]
Il y a beaucoup d'épisodes merveilleux dans ce récit. Nous sommes en forêts canadienne et c'est l'excuse de l'auteur qui prodigue l'extraordinaire. Ceux qui ne trouvent pas la vie réelle assez mouvementée seront servis à souhait dans Fleurs des Ondes.
[…] Que l'auteur de Fleur des Ondes continue d'utiliser à son tour ce thème généreux. Qu'elle émonde seulement ses intrigues ; qu'elle cherche moins à accumuler les incidents et les accidents, et je suis sûr qu'alors apparaîtront mieux et brilleront d'un meilleur éclat tant de phrases très délicates, tant de perles jolies qu'elle laisse souvent tomber de sa plume. » (p. 188-190)
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