16 juillet 2007

La boucherie

Triste, triste, le sort du pauvre verrat ! Desrochers nous raconte une petite histoire, tragique pour le héros, le pauvre cochon. On ressent bien la gamme d'émotions que la bête traverse avant sa mort. Anthropomorphisme facile? Pas nécessairement! Les habitants ne gardaient qu'un verrat, parfois pendant des années. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il faisait un peu partie de la famille, mais bon... Disons qu'il avait droit à un certain statut, d'autant plus que, souvent le même verrat engrossait toutes les truies du voisinage. Clément Marchand, ami et élève de Desrochers, va écrire une nouvelle tout aussi pathétique sur le sujet.

LA BOUCHERIE

Pressentant que sur lui plane l'heure fatale,
L'Yorkshire dont le groin se retrousse en sabot,
Évite le garçon, d'un brusque soubresaut,
Et piétine énervé le pesât de sa stalle.

Il éternue un grognement parmi la bale,
Quand un câble brûlant se serre sur sa peau.
Ses oreilles, qu'il courbe en cuillères à pot,
Surplombent ses yeux bruns où la frayeur s'étale.

On le traîne au grand jour de soleil ébloui;
Et le porc sent le sol se dérober sous lui,
Lorsque la lame au cœur lui pénètre: il s'affaisse

Puis se dresse et son rauque appel, alors qu'il meurt,
Répand sur la campagne une telle tristesse,
Qu'un hurlement de chien se mêle à sa clameur.

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